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LES PRIMITIFS FLAMANDS |Ç^

Une série de figures féminines, datant de la pleine maîtrise, suffirait à établir les penchants de Metsys à l'italianisme. Ce sont les belles Madeleines, d'Anvers (toute raphaëlesque, Fig. CLI), de la collection de Rothschild à Paris (plus déve- loppée), et de Berlin (plus ample encore); puis les Madones trônant d'Amsterdam et de Berlin (i), où l'artiste, parvenu sans doute au sommet de sa carrière, souveraine- ment original dans sa facture et le choix de ses tonalités, se souvient des types souriants de Luini et des expressions si tendrement, si intensément humaines que Léonard introduisit dans ses Saintes Familles.

Au surplus les portraits et les scènes profanes elles-mêmes de Melsys sont pénétrés de nouveautés italianisantes. Le curieux Portrait d'homme de la collection André de Paris porte une inscription : Quintinus Metsys pingebat anno i5i3. C'est un profil remarquable, peint sur fond blanc, avec d'évidentes intentions caricaturales,

— une étude de caractère plutôt qu'un portrait. On a supposé que c'était la tète de Cosme de Médicis exécutée d'après une médaille. C'est peu probable ; le modèle

— muni d'un nez opulent — semble avoir été connu du maître qui l'employa dans ses sc<^nes de genre et en fit ici une étude en profil, d'une extraordinaire virtuosité dans le rendu des chairs et avec une accentuation sensible des particularités psycholo- giques et physiologiques. (2) — Le Portrait d'un religieux de la galerie Liechten- stein, conservé intact malgré ses voyages dans diverses galeries, est, croyons-nous, le plus beau portrait qu'ait peint Metsys. On ne sait quel est le personnage repré- senté ; lord Gardiner a-t-on supposé sans grande conviction. Ce n'est plus un por- trait minutieux, rigoureux, tel que l'auraient peint nos maîtres du XV* siècle ; c'est une œuvre largement décorative, fixant les caractères généraux de la physionomie, un vrai portrait de la Renaissance, d'une technique d'ailleurs infiniment soignée, par quoi s'atteste l'origine du peintre. — Le portrait de Metsys par lui-même qui orna le local de la Gilde des peintres est perdu. — Dans un très beau portrait de Jehan Carondelel, conservé à l'ancienne Pinacothèque de Munich, on retrouve les qualités d'ampleur tranquille et de large psychologie du religieux de la galerie Liechtenstein.

— L'Homme aux lunettes du Musée de Francfort (qui passait autrefois pour repré- senter l'anabaptiste Knipperdolling et que Rubens aurait possédé) est généralement supprimé du catalogue Metsys par les érudits modernes; M. Gluck y voit une œuvre d'un artiste du groupe Blés. — Le beau Portrait d'homme du Musée de Bruxelles (n" 391, cat. Wauters), représentant quelque conseiller ou secrétaire de

(1) Copie» au varianlei à Munich, à Londru (coll. tir J. Wcrnhcr Bord).

(1) Cf. F>IEDl.lNOB«.