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LES PRIMITIFS FLAMANDS iç}

Anne ; il y demeura environ pendant un siècle jusqu'au moment où la confrérie chan- gea de chapelle. On posa I œuvre sur un autre autel et il apparut qu'une restaura- tion était nécessaire. Jean-Baptiste Bruno d'Anvers qui en fut chargé, s'acquitta de «a tâche de façon à mériter les éloges de Rubens, Van Dyck et Gérard Zeghers. En 1794 le triptyque fut envoyé à Paris et figura au Musée national jusqu'en »8i5. Au mois c!e novembre de cette dernière année dix voitures chargées de caisses remplies de tableaux arrivaient à Bruxelles, expédiées de Paris. Le 10 janvier 1816, une commis- sion composée de Godecharle, Paelinck et Thys procédait à l'ouverture de ces caisses. Dans la première on trouva le triptyque de Metsys : " Nous avons constaté, dit la Commission dans son rapport, que l'eau a pénétré dans la caisse, a coulé sur les peintures et y a formé différentes taches blanches. En outre, quelques jointures des panneaux ont travaillé par l'humidité. » Après avoir passé quelques mois au Musée de Bruxelles, l'œuvre fut restituée à la Collégiale de Louvain et placée contre le mur, sous une fenêtre où elle se détériora gravement. Restaurée par Etienne Le Roy de 1860 à 1864 pour une somme de 3.i5u francs, la Légende de sainte Anne fut achetée par le Gouvernement belge en 1879 et placée au Musée de Bruxelles. La comparaison avec le triptyque de VEnsevelissement fait sentir à quel point le triptyque de Sainte Anne a souffert. L'auteur du T^iederlàndisches Kûnstler-Lexikon exagère pourtant en disant que l'œuvre n'est plus qu'une ruine ; il y a quelque ingénuité d'autre part à s'émerveiller de la fraîcheur des couleurs comme certains l'ont fait. Peinte en détrempe avec glacis à l'huile dans les ombres, l'œuvre a perdu, sauf en certaines parties, la variété initiale de son coloris pour ne garder qu'une clarté trans- parente à laquelle la vibration du vernis moderne ne saurait restituer la chaleur passée.

Dans la partie centrale (Fig. CXLIII), les personnages de la Sainte Famille soni groupés autour de la Vierge, de Sainte Anne et de Jésus. Nous assistons à une Sacra Conversazione. Pour la Vierge et l'Enfant Jésus, Metsys s'est souvenu des modèles qu'il a représentés dans la grande Madone en manteau rouge du Musée de Bruxelles. Et nous voici en présence d'une de ces énigmes qui fourmillent dans noire art primitif. La grande Madone est reconnue comme étant de la jeunesse du mattrc ; l'architecture du trône suffirait à la dater. Et vingt ans après Metsys a peint pour son grand triptyque de Sainte Anne une Vierge et un Enfant Jésus qui semblent exécutés d'après les mêmes modèles et qu'il auréole de la même gloire. Il y > seule- ment plus de finesse dans les traits et dans l'exécution. Les innovations de Metsys dans le domaine physionomique apparaissent avec les figures de sainte Marie de Cleophas et Marie Salomé placées aux extrémités de la partie centrale. Francia, sinon