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XgZ LES PRIMITIFS FLAMANDS

L'originalité définitive du peintre de la Légende de sainte Anne ne s'établit pas uniquement sur le fonds local, ou si l'on veut néerlandais. De puissantes influences méridionales agissent à un moment sur lui, — et il ne lui a point suffi de consi- dérer les ornements renaissance qu'Albert Bouts introduisait parfois dans ses oeuvres, pour être nourri, comme il le fut, de l'enseignement italien. Ce n'est pas seulement la tendance générale de son art parvenu à la maturité qui trahit une familiarité intime avec les œuvres des plus notoires d'entre les derniers quattrocentistes ; — mais les réminiscences toscanes de ses portraits; les types de ses madones et saintes femmes évoquant Léonard, Luini, Francia, parfois même Raphaël (le Raphaël des madones florentines) ; les architectures dans lesquelles il place la sainte conversation de la Légende de sainte Anne; ses paysages compliqués et bleuâtres dont la formule vient de 1 école lombarde ; le caractère de certains ornements peints dans ses tableaux ; ce que nous savons de la décoration de sa maison, — tous ces signes témoignent amplement d un voyage en Italie. Comment expliquer sinon cette connaissance diverse de la beauté italienne? Pourtant Metsys n'a pas été un copiste des peintres méridionaux. Il semble avoir pris contact avec leur art alors qu'il avait pleine connaissance de ses propres moyens. Il s'assimile si parfaitement l'élément étranger qu'à l'époque où nous plaçons l'essor définitif de son génie, entre i5o5 et i5io, il devient du coup pour l'art flamand ce que Durer fut pour l'Allemagne, ce que Lucas de Leyde fut pour la Hol- lande, — le premier trait d union entre la vérité septentrionale et l'idéalisme des maîtres latins. Par cette synthèse, que Rubens consommera, Metsys indique dès les premiers jours à l'école d'Anvers la voie de ses triomphes.

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Dans son Ancienne école de peinture de Louvain van Even a raconté l'histoire de la Légende de sainte Anne achevée en 1509 et que conserve à présent le Musée de Bruxelles (t). La confrérie de Sainte-Anne possédait dans l'église de Saint-Pierre une chapelle pour la décoration de laquelle elle commanda, en i5o2, un retable en chêne qui ne fut jamais exécuté. Le contrat passé avec les sculpteurs Jean van Kessele et Jean Peterceels fut rompu et les membres de la Confrérie s'adressèrent à leur com- patriote maître Quentin. Le triptyque fut achevé en 1609 et placé sur l'autel de sainte

(1) Cf- Van Evem, pp. 373, 374, 375.