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\gO LES PRIMITIFS FLAMANDS

celui de Quentin Metsys. Qui se souvient de Wilhem De Cuyper ctoffeur de statues et de Jean Snellaert doyen de la Gilde et peintre de Marie de Bourgogne qui furent, semble-l-il, les peintres notoires d'Anvers avant l'arrivée de Quentin? Mais, si Metsys fut sacré maître de bonne heure sans être soumis aux apprentissages coutumiers, on peut se demander si l'admiration de ses confrères demeura toujours aussi empressée. On ne voit pas que Metsys ait exercé aucune fonction dans la Gilde, pour laquelle pourtant il peignit plusieurs tableaux. La municipalité d'Anvers elle-même ne paraît pas s'être intéressée particulièrement au peintre de la Légende de sainte Anne et de YEnse- velissement du Christ.

Chose curieuse, c'est vingt ans seulement après son entrée à la Gilde de Saint- Luc que nous rencontrons une première œuvre dûment datée et signée du maître. Nous savons que sa première femme, Alyt van Tuylt ou van Tuel, mourut vers i5o5 après avoir mis au monde six enfants : Quentin, Jean, Corneille, Paul, Catherine et Marie; nous savons qu'il se remaria en iSoS-iSop avec Catherine Heys dont il eut sept enfants : Quentin, Hubert, Abraham, Péîronille, Catherine, Sara, Suzanne (i); nous savons qu'il accepta comme élève en 1495 Adrien, en i5oi Guillaume Meulebroec, en i5o4 Edouard Portugalois, et en i5io Henri Broeckmakere ; et nous ignorons comment se développa son génie et quels furent ses travaux pendant cette longue période.

On comprendra qu'il est impossible de dire si des tableaux comme le Salvator mundi et la Vierge en prières précèdent ou suivent immédiatement l'entrée du maître à la Gilde de Saint-Luc. C'est peu après son admission sans doute qu'il offrit à ses confrères le tableau perdu représentant saint Luc peignant la Vierge, oeuvre connue seulement par une gravure de Wiericx et où l'influence de Thierry Bouts est encore sensible. En i5o5, lorsque la Gilde changea de local, elle décora sa chambre d'une peinture de Metsys représentant JVo/re-Dame des Sept Douleurs. M. A.-J. Wauters a cru reconnaître cette oeuvre dans une vaste peinture du Musée de Bruxelles (Fig. CXLII). On y voit la Vierge au centre, le cœur percé d'un glaive symbolique, et devant elle le corps de Jésus mort (2). De chaque côté de ce motif central, trois

(i) Catherine Heys épousa en secondes noces Jacques Pauwels qvri mourut en juillet iS36. (a) C{. le Catalogue Wautsks, n° 3oo.