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LES PRIMITIFS FLAMANDS iSÇ

rouge et d'une tunique bleue, se détache sur un ciel très bleu où le soleil descend au loin, comme dans le volet dexlre du triptyque de VAdoralion det Hoit conservé à Munich et attribué par les uns à Thierry Bouts, par les autres à l'un de ses cpigones : le maître de la Perle du Brabant. Le Christus Salualor mundi (Fig. CXL) et la Vierge en prières (Fig. CXXXIX) qui lui fait pendant, tout en faisant songer aux œuvres des van Eyck, ont la douceur, presque la transparence des oeuvres suprêmes du maître. La Vierge avec la pâleur rayonnante de son visage, ses cheveux d'or, l'auréole bleuâtre qui flotte autour de sa tète, semblerait immatérielle si on b plaçait à côté des Madones de Bruxelles. Toutefois elle ne réalise pas pleinement l'idéal du jeune artiste, toujours guidé par le génie de Bouts. — Des répliques de ce buste du Christ et de cette Vierge sont â la National Gallery, à Heidelberg et à Turin. L'admirable Sainte Face du Musée d'Anvers doit être donnée également i Quentin Metsys (Fig. CXLI); elle date de la même époque que le Salvalor mundi et trahit les mêmes aspirations. On l'a même tenue pour une oeuvre d'Albert Bouts, ce qui est faire beaucoup d'honneur à a peintre expéditif.

Nous ne serions pas éloigné toutefois de croire avec M. Cohen que Metsys conçut dans l'atelier d'Albert ce vif respect pour l'art croyant de Thierry, et sans doute tenait'On le jeune Quentin pour le meilleur représentant de l'école de Louvain quand il émigra à Anvers où on le trouve établi en 149t.

Sans qu'aucun stage ne lui soit imposé, il est reçu d'emblée franc-mattre à la Gilde de Saint-Luc. « En l'an de grâce MCCCC et XCI furent régents Antoine van der Heyen et Jen Vinck. Reçus francs-maîtres Roland van Culpen, Josse de Bruges, Pierre Dysere, Jacques de Santvliet, Quentin Massys et Jean Dewolf (1) ». Comment expliquer cette rapide accession à la maîtrise? En 1491 le nom de Metsys est nouveau dans l'art anvcrsois où nulle personnalité ne s'était positivement affirmée, et, sans doute, la Gilde de Saint-Luc dut-elle recevoir avec empressement ce jeune artiste si merveil- leusement doué. Les registres des inscriptions ou procès-verbaux (liggeren) de la corpo- ration anversoise nous sont parvenus presque intacts à partir de 1453 — soixante cl onze ans après la fondation de la Gilde — et l'on y voit figurer surtout des noms de peintres de bannières, de statues, d'écussons, de chars, jusqu'au moment où parait

(1) CiU par n. Hymani : Qumlln N<l<yi. Çcutlli dtt BtauX'Ârti, iSSS. i