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t88 LES PRIMITIFS FLAMANDS

Mctsys, tandis que M. von Wurzbach (i), traitant avec un mépris catégorique le travail universitaire de M. Colien, envoie le jeune artiste en Allemagne à l'école de Schongauer...

Le Musée de Bruxelles possède deux Madones (Fig. CXXXVI et CXXXVII) qui sont considérées aujourd'hui comme des œuvres de jeunesse du maître. Elles ne font penser ni à Bouts, ni à Schongauer. La plus grande des deux est assise sur un trône encore gothique. Dans la fenêtre de gauche, au-dessus d'un vitrail représentant sainte Barbe, se trouvent deux écussons « dont l'un est celui de la ville de Louvain pour laquelle le tableau a probablement été peint » (2), Le manteau de la Vierge a grande allure et Metsys y manifeste déjà ses aspirations vers la noblesse et l'ampleur des formes. L'ensemble conserve l'aspect de nos madones gothiques au point que pendant longtemps l'œuvre resta attribuée à Hubert van Eyck. La petite Madone offre de frappantes analogies avec la grande : même visage féminin arrondi, Jésus presque identique, même modelé des mains allongées et un peu ligneuses ; seulement l'œuvre a souffert et les chairs, par suite sans doute d'un changement chimique, sont deve- nues rougeâtres (3). De ces deux Madones, qui dateraient du séjour de Metsys à Louvain, se rapproche un triptyque de l'église du Saint-Sépulcre de Bruges, mon- trant au centre la Madone en manteau rouge; elle tient l'Enfant Jésus et est accom- pagnée de deux anges musiciens. La Vierge est très semblable aux deux madones de Bruxelles; les deux saintes représentées sur les volets sont dans le style de Gérard David. Le Musée de Nuremberg possède également une œuvre appartenant à ce premier groupe où Metsys, sans subir une influence déterminée, reste le docile élève des ateliers septentrionaux du XV' siècle.

Vient alors un second ensemble de tableaux où, tout en atteignant souvent à la maîtrise la plus sûre et la plus souple, Metsys, par l'expression des physionomies, l'arrangement des compositions, le souci d'un paysage poétique fait penser très vive- ment à Thierry Bouts. Hiératique et sculptural dans sa toute première manière, son art s'attendrit, se spiritualise en s'inspirant des exemples du pieux ordonnateur de la Cène de Louvain. Le Saint^Cbristophe, le 6alvator mundi et la Vierge en prières, tous trois au Musée d'Anvers, caractérisent cette phase nouvelle. Dans le Saint" Christophe (Fig. CXXXVIll) l'Enfant divin, avec ses cheveux crépus, est le même que dans les deux Madones du Musée de Bruxelles ; le saint, enveloppé d'un manteau

(iX Cf. article Mast}js, Quentin du T^iedtrlàndiscbes Kûnsller^leiikon. (2) Cf. Catalogue Wauter», n°^ 540 et 643.

(5) Cf. Dukand^-Gréville. Bulletin de l'Art, 11 leptembre 1907. Dam le même article Durand^Gréville indique comme oeuvre de jcuncaïc de Meiiyt le n" 6ui du Musée de Bruxelles : Adam et £i>e sous l'arbre de la tcjence.