Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 2.djvu/36

Cette page n’a pas encore été corrigée

l86 LES PRIMITIFS FLAMANDS

trade du perron de la célèbre maison communale avec feuillages et fleurons. Un autre travail important lui fut commandé : la grille de la chapelle van Erpc à l'église Saint-Pierre. Mais Josse mourut avant de l'achever, vers 148t. Son fils aîné n'avait que dix-huit ans; Quentin quinze. La situation de la petite famille était précaire. Quentin néanmoins s'engagea à payer l'éducation musicale d'un de ses beaux-frères. Quant à Josse, ferronnier comme le père, il termina la grille de la chapelle van Erpc, se maria et s'établit pour son compte. Artiste de premier ordre, il s'occupait également d'horlogerie et d'architecture. « C'est lui qui dessina l'admirable projet pour la cons- truction de la nouvelle tour de la collégiale de Saint-Pierre, dont les fondations furent jetées en 1607. Ce projet consistait en une façade très élevée, surmontée de trois flèches à jour, ouvragées comme une dentelle. La flèche centrale devait avoir 535 pieds de hauteur et chaque flèche latérale 430 pieds. Si ce plan eût pu être exécuté, l'église de Saint-Pierre posséderait actuellement la tour la plus merveilleuse du monde entier. » Il convient de saluer en passant l'effort gigantesque de ce Solness flamand, frère du grand peintre (1).

L'archiviste van Even croit qu'après le mariage de son frère aîné Josse, Quentin Metsys reprit la forge paternelle à son compte. Rien ne s'oppose à ce que le peintre de la Légende de sainte Anne, comme le rapporte là tradition, ait été tout d'abord ferronnier à l'exemple de son père et de son frère. « On l'appelle quelquefois le Maréchal d'Anvers, — écrit le bon Descamps — , parce qu'il avait exercé ce pénible métier jusqu'à l'âge de vingt ans (2) ». On ne cite plus guère Descamps que pour affirmer la fausseté de ses affirmations; mais Dominique Lampsonius, contemporain des enfants du maître, assure également que Metsys commença par être ouvrier forgeron... On continue d'attribuer au célèbre artiste une série d'ouvrages en fer forgé qui n'ont qu'une faible parenté de style avec les détails architectoniques et décoratifs de ses tableaux : la belle Valence soutenant jadis le couvercle des fonts baptismaux de l'église Saint-Pierre de Louvain, la jolie cage en fer qui surmonte le Vuils du parvis de Notre-Dame à Anvers, la Tombe en fer d'Edouard IV, roi d'Angleterre, dans la chapelle de Saint-Georges à Windsor. Il serait intéressant de rechercher si ces œuvres ne sont pas plutôt dues à Josse, le puissant dessinateur de la tour de Saint-Pierre. Il est probable que Quentin renonça de bonne heure aux arts du métal. Peut-être y revenait-il de temps à autre? Il posséda à Anvers deux maisons dans la

(1) Cf. pour loul ce qu! concerne U vie et ta carrière dei Metsy» à Louvain le livre précieux de Van Even : I.'Xncimnt Écolt de Peinture. 1870. p. 3i5 et suiv.

(1) Descahps, J.-B. La Vit dti Ptintret. Biographie de Quintln MtuU.