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ig^ . LES PRIMITIFS FLAMANDS

difficile, écrit John Lolhrop-Motley, de trouver un enfant à l'âge de raison qui ne sût lire, écrire, parler au moins deux langues. »

Quentin Mctsys, le premier dans l'histoire de l'art flamand, personnalise ce milieu et cet esprit nouveaux. Ses grandes productions ouvrent en Belgique la Renais- sance italianisante à laquelle Gérard David prélude avec hésitation.

Metsys se distingue des maîtres que l'on est convenu d'appeler gothiques par l'unité de la composition, la tendance de plus en plus prononcée et plus sûre à synthé- tiser les formes, comme aussi par les dimensions en général considérables de ses oeuvres. La Légende de sainte Anne et VEnsevelissement du Christ sont vraiment dans nos régions le manifeste d'une esthétique nouvelle qui, avant tout, refuse de se soumettre aux transcriptions strictement objectives où l'art du XV* siècle avait trouvé sa joie et sa profondeur. Assurément Mctsys n'en est pas encore aux draperies impersonnelles, aux visages idéaux. Il reproduit des moments précis de la nature ou de la vie humaine. Il peint encore des costumes et des personnages contemporains ; l'un des volets de VEnsevelissement : la "Décollation de saint Jean-Baptiste est la plus précise et la plus charmante vision qui nous soit conservée de nos intérieurs princiers à l'époque de la première renaissance. Mais c'est l'amour des nouveautés décoratives qui, en cette circonstance, a guidé le maître. Dans les scènes pathétiques de ses retables, son désir de dégager les drames religieux des contingences est parfai- tement conscient. Et même, ayant conservé un fond national de truculence et d'instinct réaliste, il a préféré, semble-t-il, l'épancher dans des tableaux de genre, des scènes de mœurs où sa verve et son observation préparent, avec le concours du lyrisme satirique de Jérôme Bosch, le naturalisme intégral de Peter Bruegel le Vieux.

La tradition populaire l'appelle Metsys. Lui-même a signé son triptyque de la Légende de sainte Anne, aujourd'hui au Musée de Bruxelles : Quinte Metsys. Dans les Liggere de la gilde de Saint-Luc à Anvers son nom se rencontre neuf fois sous la forme Massijs ; son fils d'ailleurs signait Joannes Massiis. Durer, Thomas Morus,