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320 LES PRIMITIFS FLAMANDS

d'Anne d'Autriche (Vienne), une Circoncision et une Mort d'Adonis, perdues, et peut-être ce beau portrait de Hubert Goitzius qui est au Musée de Bruxelles (Fig. CCXXXV). Nous avons rencontré le modèle de cette dernière œuvre en parlant de Lambert Lombard. Hubert Goitzius compte en effet parmi les plus fameux disciples du maître mosan. Il était entré au service de Philippe II, comme historiographe, et s'était lié d'étroite amitié avec Moro, peintre du roi. Van Mander signale un portrait d'Hubert Goitzius peint par Antonio en une heure ! Est-ce celui du Musée de Bruxelles? Il se peut. Cette œuvre est de la plus simple et de la plus magistrale beauté ; peinte d'une pâte riche et légère, sans recherche dans le vêtement gris-brun et dans le fond, elle accuse avec une sûreté infiniment nette la psychologie du personnage. Les yeux brillants sous le front élevé nous regardent avec une ardeur tranquille ; tout vit sur cette face intelligente et grave où l'art de Van Dyck est contenu tout entier. Par malheur le panneau est fendu par le milieu et la peinture a subi les plus sérieux dommages. — Au Musée de Bruxelles est conservé également une belle Tête d'homme sortie vraisemblablement de l'atelier du maître. — M. Ch.-L. Cardon possède de son côté une Tête d'homme, de grandeur naturelle, d'une expression franche, d'un style légèrement titianesque qui nous semble très apparenté à la Tête précitée (Fig. CCXXXVl).

Les notes d'Arent van Buchel, avocat près de la cour d'Utrecht et grand ami des arts, nous apprennent que Moro expira à Anvers, un an avant la « Furie espagnole », âgé de cinquante-sept ans. Quel homme pouvait se vanter d'avoir vu de plus près les héros de nos tragiques querelles du XVI' siècle?