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conspiration des éléments et des hommes aida puissamment la cité naissante. L'ensable- ment du Zwyn n'est pas la seule cause de la décadence de Bruges; les excès du particularisme et de la démagogie furent au moins aussi funestes à la cité de Memlinc que cette déplorable retraite des eaux et notamment l'insurrection de 1488 contre Maximilien, dont nous parlions naguère, lui porta un coup terrible.

Aux incertitudes de la navigation et du milieu brugeois s'opposait la sûreté d'Anvers. Grâce au libéralisme de la politique commerciale des ducs de Bourgogne inspirée du principe de la libre concurrence, les foires d'Anvers s'étaient vite déve- loppées et avaient vu accourir des marchands « de toutes nations et de toutes religions >. La prospérité brugeoise émigrait à Anvers et chaque pas que Bru.ç^cs, « faisait dans la voie de la décadence était marqué par un progrès chez sa rivale (1). » Les Brugeois ne pouvaient se résigner à leur chute. Aidés des Gantois, ils élevèrent un fortin sur la digue nommée KIoppers Dyk, près de Calloo, le muni- rent de soixante canons et forcèrent tous les navires cinglant vers le nouveau port à payer un droit. Mais ils furent délogés du KIoppers Dyk par les Anversois qui commémorèrent ce triomphe par leur célèbre kermesse de saint Georges. Toutefois les ennemis de la jeune cité maritime ne se tenaient pas pour battus. Les gens de l'Ecluse, solidaires des Brugeois, allèrent jusqu'à se joindre aux pirates pour troubler la navigation de l'Escaut. Mais rien ne devait plus arrêter l'essor d'Anvers. Restés fidèles à Bruges presque au delà des limites raisonnables, les Hanséates i leur tour émigrèrcnt vers la nouvelle métropole...

Le siècle de Charlcs-Quint marque la phase culminante de la prospérité anversoisc et l'on ne peut rien dire à ce sujet qui ne soit vulgarisé depuis longtemps. La ville, spicndide et active, tendait des bras immenses jusqu'à la mer et ramenait vers elle par son fleuve profond la « proie dorée » enlevée à Bruges, sa rivale vaincue. Les Pays-Bas n'avaient point de cité plus grande, ni plus peuplée. Paris seule la surpassait en population ; mais Anvers détenait le commerce mondial. Il y avait, dit-on, jusqu'à deux mille cinq cents bâtiments à la fois dans le port; cinq cents navires entraient et sortaient journellement ; cinq mille marchands se pressaient à la Bourse. Au dire de Guichardin, mille maisons étrangères avaient un comptoir dans la cité. Les célèbres Fugger d'Augsbourg, les Velsen, les Ostett représentaient l'Allemagne, les Galtcrotti, les Bonvisi l'Italie. L'organisation politique était un modèle d'élasticité avec les pouvoirs adroitement hiérarchisés du marquis, du stadthouder, du Sénat. Dans cette population libre, il y avait peu de pauvres. Les écoles étaient excellentes. « Il était

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