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324 Ï-ES PRIMITIFS FLAMANDS

le fameux portrait du cardinal Bibiena (ou Alidosio) attribue à Raphaël (Prado) aurait bien pu être exécuté à cette époque par le grand peintre septentrional. On a d'ailleurs découvert récemment le nom de Moro au revers de la célèbre effigie (i).

Charles-Quint à son tour s'adresse au maître d'Utrecht et l'envoie en Angleterre pour tracer l'image de la nouvelle fiancée de son fils, Marie Tudor. L'œuvre est au Prado, et ni Titien, ni Velasquez, ni Rubens, ni Van Dyck n'effacent « l'impression produite par ce morceau d'inflexible probité », dont maintes répliques existent dans les gale- ries anglaises. Les châteaux d'Angleterre possèdent d'ailleurs un grand nombre d'effigies de personnages historiques auxquelles s'attache le nom de « Sir Antonio More ». En i554, le peintre avait regagné les Pays-Bas et peignait le remarquable portrait de Marie de Hongrie conservé au palais de Holyrood, à Edimbourg. En 1555 l'Empereur abdiquait et Moro peignait l'image de ce Guillaume de J^assau (galerie de Cassel) dont la volonté allait se dresser devant celle du successeur de Charles-Quint. A la veille du mariage de Philippe II avec Elisabeth de Valois, Moro s'esl-il rendu en France? On ne sait. Une "Résurrection du Christ (i556) que Félibien connut et qui est aujourd'hui à Nimègue (collection Droogleever) n'était pas faite pour donner aux Français une idée aussi haute du peintre que celle qu'inspirent ses portraits — et notamment ceux qu'il peignait la même année (Gentilhomme et "Dame au Musée de Vérone). En i556, Moro était à Utrecht; en 1557 son service le rappelait auprès du roi à Bruxelles et il peignait le Philippe II en pied (Bibliothèque de l'Escurial), le jeune et élégant Alexandre Farnèse (Musée de Parme) qui est vraiment un Van Dyck avant la lettre, la charmante Jeanne Lullier, femme de l'ambassadeur Simon Renard (Besançon), un chevalier de Saint'^ Jacques (Budapest, i558) et c'est à Utrecht sans doute « dans le calme de la maison familiale », qu'il peignit cette page si digne et si forte, son propre portrait conservé aux Offices (i558). Le portrait de sa femme « Metgen » suivant les récentes hypothèses, devrait être identifié avec la Dame au petit chien du Prado. En tSSç Moro exécute deux de ses plus parfaits chefs-d'œuvre : le célèbre maître de chapelle d'Hercule d'Esté : Jean Lecocq (Joannes Gallus) et sa femme (Musée -de Cassel) et la même année l'artiste prend le nom de « van Dashort », probablement à la suite d'une concession du souve- rain. Un médailleur, resté anonyme, grave alors le profil du maître et montre au revers de la médaille une figure symbolique (une Parque ?K

Après quoi l'artiste partit à nouveau pour l'Espagne où sous l'œil même de

(1) M, Hymans trouvait d'ailleurs que cette inscription au dos de la peinture ne suffisait point pour déposséder Raphaël d'un de so chefs-d'ceuvre. Le même critique a repria la question dans un article que nous lisons au moment de mettre sous presse (Burlington Magazine. Novembre 1911. Kaphael's Younc Cardinal at Madrid) et où il établit que le portrait peint par Raphaël, représente le cardinal Scaramuccia.