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3tO LES PRIMITIFS FLAMANDS

sont des œuvres énergiques, simples et soigneusement peintes. L'éclairage du visage masculin révèle quelque souci de technique nouvelle. Mais le grand portraitiste que fut Pourbus l'Ancien ne fournit pas ici sa mesure.

L'artiste s'attira de bonne heure la bienveillance des autorités brugeoises. Le magistrat eut maintes fois recours à ses talents divers et lui commanda non seulement des travaux de peinture, mais encore l'exécution de quelques plans de la ville et des envi- rons. Énumérons ses travaux cartographiques (t). En i55o il fournit une carte de Watervliet et de ses alentours; en i55z il peint pour Charles-Quint trois cartes des côtes avec des indications précises sur les diverses profondeurs de la mer; en t56i il reçoit une avance sur le payement d'une carte générale des régions à laquelle il avait travaillé pendant plusieurs années avec des collaborateurs, et le complément lui est versé en 1570. Trente ans plus tard, la carte ayant subi d'irréparables dommages, on demanda à Peter Clacissins II d'en faire une copie fidèle, encore conservée de nos jours à l'hôtel de ville de Bruges. Lancelot Blondeel et Jean Prévost avaient été, eux aussi, employés à des travaux cartographiques ; les grands peintres du XV' et du XVI' siècles acceptaient on le sait, maintes besognes d'art appliqué. Pourbus peignit même des torchères décoratives et dessina des costumes pour les rhétoriciens qui participèrent à la Joyeuse-Entrée de Philippe II à Bruges.

Un grand nombre de peintures du maître sont malheureusement détruites ou perdues. Suivant van Mander, la création la plus importante de Pierre Pourbus était à Gouda dans la grande église et représentait la Légende de saint Hubert. « Le panneau central est un Baptême où deux personnages reçoivent le sacrement de la main d'un évêque escorté de deux porteurs de torches. La cérémonie a lieu dans un beau temple, avec une perspective très bien observée. Sur l'un des volets est représentée une Tentation où les mauvais génies offrent des trésors au saint qui les repousse ; sur l'autre volet, la tentation s'accomplit par des femmes. A l'extérieur on voit, en grisaille, la jeune Vierge gravissant les degrés du temple, et la Visitation. Ces peintures sont encore à Delft » (2). On ne sait point comment ni pourquoi cette Légende passa de Gouda à Delft. Ce qui est plus grave c'est qu'on ne sait pas ce que ce chef-d'œuvre est devenu. Le « beau temple », la « perspective très bien observée » de la partie centrale sont le sûr indice du parfait romanisme de ce Baptême ; mais sans nul doute aussi Pourbus dans la Tentation avait

(1) Nous reproduisons la liste telle que la donne M. von Wursbach.

(2) Lïore des Ttinirei^ Ed. Hymans.