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LES PRIMITIFS FLAMANDS 3o5

paysage de rochers déchiquetés à (la Blondeel : Exode de Jacob (coll. Scheen) est reproduite dans VArt mosan de Helbig sous le nom de Lombard. L'œuvre fut envoyée à l'exposition des Primitifs de 1902; le catalogue Hulin la fait précéder de la men.- tion peu compromettante : Inconnu.

Il y a tout lieu de croire que Lombard fut un excellent portraitiste comme tous nos romanisants du XVI' siècle et que, placé devant le document humain, l'artiste liégeois s'affirmait comme un observateur de premier ordre pouvant même être rangé à côté d'Antonio Moro. C'est sous le nom de ce dernier quêtait catalogué jadis le portrait de Lombard par lui-même, conservé au Musée de Cassel, page puis- sante et très significative qui porte dans la partie supérieure l'inscription AGE 61 LAN i566. C'est donc l'année de sa mort que Lombard peignit cette image rude et cordiale à la fois, d'une franchise entière, d'une facture sobre et volontaire, où il nous apparaît comme le digne fils de la Cité Ardente. Une seconde version de ce portrait est au château de Quincampoix (marquise de Péralta) près de Liège ; c'est également une œuvre de magistrale sincérité (Fig. CCXX). — Rien ne s'oppose à ce qu'on maintienne au catalogue de Lambert Lombard le Philoguet du Musée de Liège, portrait, dit-on, d'un fou très populaire dans la grande cité mosane au temps de Lambert. (Fig. CCXXI.) J'aime fort, pour ma part, ce personnage au nez crochu, aux yeux finauds, au menton pointu, à la poitrine découverte; c'est un chef-d'œuvre de vérité pittoresque. Le maître u^allon, par ailleurs trop exclusivement soumis au formalisme régnant, s'abandonne ici aux inclinations narquoises de sa race.

Pour étudier avec fruit les peintures attribuées à Lombard, il faudrait bien con- naître les dessins laissés par le maître (notamment ceux de la galerie d'Arcnberg) et les gravures exécutées d'après ses tableaux ou ses dessins. Je crois néanmoins que l'artiste liégeois ne s'affirmera jamais à nos yeux comme un grand peintre, comme un maître de la couleur. Son véritable titre est d'avoir été un chef d'atelier de premier ordre ; ceci semble hors de conteste. La jeunesse néerlandaise se groupa autour de lui ; grâce à son atelier, Liège, pendant quelques années, devint le foyer le plus intense de notre peinture. Et ce prestige de l'éducateur mosan tient sans doute à ce que son école propa- geait une esthétique nouvelle. La fantaisie charmante et un peu^mièvre de nos premiers italianisants, ce romantisme souple et maniéré qu'incarnait si parfaitement le maître de