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3o4 l'Es PRIMITIFS FLAMANDS

Lambert. Il existe même une gravure exécutée d'après une Cène de Lambert Lombard ; mais l'ordonnance n'a rien de commun avec les Cènes longtemps considérées comme peintes par le maître liégeois. — On a voulu également rendre Lambert Lombard responsable de toute une série de Madones blafardes et maniérées (nos musées en conservent plusieurs), dont Gossart ou van Orley ont créé l'original (i). Le Musée de Berlin porte à son catalogue, sous le nom de Lambert Lombard, une Marie avec l'enfant, mais une note nous avertit que l'œuvre appartient à un groupe mis à tort au compte du maître. — Il semble que les conservateurs du Musée de Vienne, par contre, aient raison de tenir Lambert Lombard pour le peintre d'une Adoration des Bergers de l'Hofmuseum viennois (2) où se retrouvent des caractères de la Dépo- sition signée (coll. Meses) et s'affirment quelques-uns des mérites « supposés » de l'artiste. La grâce de la madone évoque le souvenir de Gossart ; les architectures sont d'un style purement romain; les types masculins relèvent de l'esthétique idéa- liste qui se répandait dans notre art et les quatre figures remplissent la composition suivant les formules synthétiques imposées par les ateliers romains. Cette Adoration de Vienne est de valeur; les Français s'en emparèrent et la restituèrent aux Vien- nois en 181 5. Une autre Adoration des Bergers, conservée à Saint-Pétersboursg et donnée également à Lambert Lombard, passa quelques années en France elle aussi, — à la Malmaison. Le Musée de Vienne pourrait bien posséder une autre œuvre authentique de Lambert Lombard : Vne Sainte-Famille avec un perroquet, tenue jadis pour un Franz Floris et que M. Scheibler a enlevée du catalogue de l'Incomparable pour l'inscrire à celui de son maître.

Je ne sais sur quel critérium M. Hymans s'appuie pour déclarer qu'une cer- taine "Résurrection de Lazare du Musée de Hanovre est une production indiscutable du peintre mosan. Je ne crois pas non plus qu'on puisse continuer de voir une œuvre de Lambert Lombard dans les Israélites s'apprêtant à sacrifier l'Agneau pascal du Musée de Liège, encore que le panneau (partie d'un ensemble démembré) provienne de l'église Saint-Denis de Liège où l'artiste fut sans doute occupé. A voir l'architecture bramantesque où se déroule la scène et l'allure académique des personnages, on peut croire que le maître aurait approuvé les tendances de l'auteur et que l'œuvre sort, sinon de son atelier, du moins de son école. Mais Lombard, chez qui on chercherait en vain la sensibilité picturale des Flamands, peignait tout de même mieux. Les restaurateurs, il est vrai, ont impitoyablement enlevé les glacis de ce panneau. — Une œuvre froide et grise, groupant d'innombrables figures dans un

(1) Voir notre chapitre XVI.

(2) L'œuvre est reproduite dans VAri mosan de Helb:g en tête du second volume.