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LES PRIMITIFS FLAMANDS 29 1

style à cause de la juxtaposition des éléments réalistes et classiques, il est d'une facture parfaitement harmonisée et même le méridionalisme des architectures et de la décoration s'y combine très curieusement et très heureusement avec le localisme extrêmement accentué de la figuration. Deux courtisanes entourées d'entremetteuses et de musiciens reçoivent l'enfant prodigue. La joyeuse assemblée est groupée sous une sorte de portique dont le détail décoratif évoque les grotteschi dessinés par Raphaël pour les loges vaticanes. A travers les baies du fond on aperçoit au loin des palais italiens. Les types des personnages par contre n'ont rien de romain, ni de toscan. Van Hemessen les a probablement rencontrés dans quelque gans, dans quelque Cour des Miracles anversoise. Ces figures sont très délicatement peintes et par la transparence du coloris font penser à Quentin Metsys ; qu'on examine à cet égard l'horrible vieille qui, à gauche du spectateur, met la main sur un verre du Rhin. Les types masculins sont d'un accent très remarquable, très parents par la drôlerie narquoise, du Cornemusier finaud de Peter Huys. Jan Sanders est un réaliste d'esprit délié et un caricaturiste gai ; il faut l'opposer à Marinus van Reymerswaele qui est un caricaturiste triste, plutôt que de le confondre avec lui comme on l'a fait trop souvent.