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290 LES PRIMITIFS FLAMANDS

encore — pour des productions du « Raphaël hollandais ». La rédaction d'un catalogue précis des travaux de ce dernier se complique encore de la question du « monogrammiste brunswickois. » Dans les fonds de plusieurs peintures de Jean van Hemessen se voient des figures qui font songer à celles d'un tableau de Brunswick, chef-d'œuvre d'un auteur inconnu qui représente le Festin des Pauvres et porte le monogramme I. S. V. A. L. M. On a cru que le monogrammiste de Brunswick et Jan Sanders étaient une seule et même personnalité et que les lettres du Festin des Pauvres signifiaient Jan Sanders van A. Messen. Mais on ne retrouve point l'esprit caricatural de van Hemessen dans l'œuvre de Brunswick, très richement composée suivant les meilleures recettes italiennes. On a donc supposé que ce maître anonyme fut parfois employé par van Hemessen comme collaborateur. Il nous est bien difficile pour notre part de reconnaître deux mains différentes dans les œuvres importantes de Jan Sanders. Ce mélange de vérité locale et de conventions italiennes qu'offrent parfois ses œuvres ne doit point étonner ; il se retrouve chez les plus autochtones de nos peintres de genre. Il se peut très bien que le monogrammiste de Brunswick et Jan Sanders ne soient point un seul et même peintre; mais il se peut aussi que van Hemessen, à chaque tentative pour anoblir et romaniser son style, se soit rapproché du mono- grammiste. D'où ces figures de fond semblables à celles du Festin des Pauvres.

On possède un assez grand nombre de tableaux signés et datés de Jean van Hemessen. Le plus ancien serait une Adoration des Mages conservée au Kensing- ton Palace de Londres et datée 1534. La pinacothèque de Munich (Vocation de saint Mathieu i536. Saint Jean dans le "Désert 1541) le Louvre (Tobie guérissant son père 1555), Saint-Pétersbourg {Saint Jérôme 1543), Cchleisheim (Le Christ aux Outrages 1544), Stockholm (La Vierge et l'Enfant 1544) possèdent, avec le musée de Bruxelles, les œuvres les plus remarquables de Jean Sanders. Le tableau signalé par van Mander chez Cornélis Monincx à Middelbourg : le Christ avec les apôtres sur le chemin de Jérusalem est perdu. La composition du musée de Bruxelles, d'assez grandes dimensions, représente VEnfant prodigue (Fig. CCXIV). Il est signé : Joès de Hemessen pingebat i536. (i) C'est l'un des tableaux où l'on croit distinguer l'intervention de ce collaborateur anonyme désigné provisoirement sous l'étiquette de " monogrammiste de Brunswick " (2). Mais si le tableau n'est point d'une parfaite unité de

(i) Nou» croyons bien lire distinctement i536. Certains critiques disent i556. M. A.J.Wautehs, dans son Catalogue, renseigne i5î8.

(i) Une eeuvrc du monogrammiste brunswickois est entrée tout récemment au Musée d'Anvers. C'est un petit tableau de genre dont les figurines sont dans le style de celles qu'on voit à l'arrière-plan de l'Enfant Prodigue du Musée de Bruxelles. Nous avons relevé dans le petit tableau d'Anvers la présence du trident, marque de l'ateliev de Peter Aertsen I Ajoutons que M. G. Gliick identifie le monogrammiste brunsuiickois avec Jean van Amstel, dit le Wollander, qui travaillait à Anvers dans le second quart du XVI° siècle.