Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 2.djvu/202

Cette page n’a pas encore été corrigée

474 '■^^ PRIMITIFS FLAMANDS

promis avec les iconoclastes de Middelbourg; il fut condamné le 25 juin 1567 à la pénitence publique et exilé pendant dix ans. Il devait avoir une soixantaine d'années au moment de cette condamnation.

On conserve des œuvres de Reymerswaele à Dresde, Florence, Gand, Anvers, Louvain, Munich, Copenhague, Rome, Vienne; à Berlin, un saint Jérôme remar- quable; à la National Gallery, Deux Avares (i).

Le rédacteur du catalogue de Gand (éd. 1909} signale avec raison le maniérisme calligraphique de Marinus, l'outrance de sa personnalité et ses vrais dons de coloriste- A ce dernier point de vue il faut surtout mentionner la Vierge avec l'enfant du musée du Prado, l'une des meilleures œuvres de Reymerswaele (1423). Le tableau du musée de Gand : la Conversion de saint Mathieu porte la date du 14 mai i536 (Fig. CCI). Le Christ avec ses cheveux noirs et plats, son visage aux tons blafards, son front étroit, son nez pincé; saint Mathieu aux chairs plus rougeaudes, sont des types qu'affectionne Marinus. Le disciple?) qui compte ses écus à côté de Jésus tranche par le caractère Israélite de sa physionomie. D'autres compagnons de Jésus rappellent les profils caricaturaux de Léonard de Vinci. Marinus a souvent traité la Conversion de saint Mathieu. La plus belle version de ce sujet est celle qui fait partie de la galerie de Lord Northbrook. Il se peut que pour le tableau de Gand, Marinus ait été aidé de ses élèves.

Une faible réplique de cette Conversion se voit au musée d'Anvers lequel possède une œuvre authentique de Marinus : les Comptables de l'Accise (Fig. CCII). Deux compères sont aux prises avec un énorme registre. Celui du premier plan, coiffé d'un liripipion fanfreluche, vêtu d'une houppelande bleuâtre, semble inscrire des annota- tions ; l'autre, coiffé d'un chaperon vert, se penche sur l'épaule du premier et nous fixe d'un regard aigu de vrai drôle. La couleur est très lisse, comme dans le tableau de Gand ; dans les mains les ombres sont traitées au moyen de hachures ainsi que le faisait encore parfois Quentin Metsys. L'œuvre, tout en faisant songer immédiate- ment aux peintures de genre de maître Quentin, nous renseigne à suffisance sur la manière à la fois sèche, pointue dirais-je volontiers, mièvre et pourtant très populaire de celui que Van Mander appelle le constighen schilder Marijn van "Romerswalen oft Marijn de Seen (2).

(1) A Louvain, dans la collection de Becker un saint Jérôme daté 1541. Un autre joint Jérôme de l'atelier de Reymeriwaele est conservé dans la chapelle des Sceurs noires de Bruges,

(2) Dans notre chapitre XXV, p. 199, nous avons signalé déjà les emprunts que Marinus Reymerswaele (nous imprimions à tort Hoymtrswael) fit ù Quentin Metsys ; nous indiquions parmi les oeuvres attribuées à Quentin et qu'il convenait de rendre soit à son {ils Jean, soit à Marinus, le Banquier et sa femme du Louvre. D'après M. de Mély, celte œuvre serait de Corneille de la Chapelle (van der Capelle) que l'on identifia jadis avec Corneille de Lyon, le grand portraitiste.