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LES PRIMITIFS FLAMANDS 2/1

sainte Vierge et à saint Joseph (i338) ouvre la série. C'esl une trèi jolie scène de genre où l'on voit Joseph et Marie, en costumes antiques, arrêtés devant une hôtellerie très flamande (Fig. CLXXXXIX). Puis vient en i36i l'admirable Vénus du musée de Stock- holm, morceau d'une distinction accomplie, — malheureusement placé trop haut pour qu'on en puisse bien juger. De i56z date le tableau du Louvre, Dauid et Bethsabée et de i563 une première version de Loth et ses filles, sujet que Jean Metsys devait traiter magistralement deux ans plus tard. En 1364 il signe un tableau de genre : la Joyeuse compagnie aujourd'hui au musée de Vienne et une Guérison de Tobie (musée d'Anvers) où il trouve l'occasion de peindre, derrière l'archange Raphaël, une de ces jeunes femmes, au type primaticien qu'on remarque dans un grand nombre de ses tableaux et notamment dans ses deux belles compositions du musée de Bruxelles : Loth et ses filles, Suzanne et les deux vieillards, exécutés en i563.

A voir le nombre de tableaux que Jean Metsys peignit dans le courant de cette dernière année on peut se faire une idée de sa grande fécondité un Saint Paul conservé à Schleisheim, un Prophète Elle conservé à Carlsruhe, datent également de i365. Les deux importants tableaux de Bruxelles témoignent avec netteté des faiblesses et des mérites de Jean Metsys. Que reste-l-il ici de l'art paternel? Rien, si ce n'est peut-être un reflet profane du charme exquis que le peintre de la Légende de sainte Anne mettait en ses claires saintes femmes. Les filles de Loth sont de séduisantes personnes qui font penser à certaines beautés contemporaines de la Cour de France (et c'est pourquoi aussi les œuvres de Jean Metsys rappellent à la mémoire les types féminins de l'école de Fontainebleau). Mais par malheur, la gamme colorée est peu agréable ; les chairs féminines sont d'une blancheur trop crue. Il y a dans l'œuvre une volupté que les maîtres flamands n'avaient point obtenue ou cherchée jusqu'alors, mais qui tout de même reste sèche, à cause du coloris monotone et aussi de certaines maladresses de formes. Ce souci d'expression nouvelle s'accentue dans le tableau : Suzanne et les Vieillards (Fig. CC). Le même idéal féminin reparaît, un peu alourdi d'ailleurs. Mais quelle poésie et quelle fantaisie délicieuse dans le décor! Jamais nos paysagistes n'avaient connu un tel lyrisme. Dans les Filles de Loth, les lointains évoquent des régions vaguement orientales où se dressent des ruines romaines, notamment une sorte de Colisée. Dans Suzanne et les Vieillards voici des villas italiennes dispersées dans la verdure sombre, et même l'impression qui finalement se dégage de ses constructions de marbre, de ces cyprès, de ces fontaines a, si je puis dire, quelque chose de « pamphilien »• Assurément la villa Pamphili n'existait pas. Jean Metsys en aura vu les « ancêtres » et c'est con amore qu'il raconte ici les souvenirs qu'il en garda (1).

(1) Ce» villat ne teraicnt-cIlH pat plulôl vénitiennct? Un rapprochement lerait i établir avec les conilructioni qui cnrichiaMiH k* paysagei cTAItdurper.