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264 LES PRIMITIFS FLAMANDS

et à Bruxelles ; dans cette dernière ville il avait épousé une belle-sœur de Gillis van Conincxloo, Anna van Dornickc. Devenu veuf après l'année \5i&, il se lia avec une certaine Antonie van Sant qui lui donna deux fils, baptisés comme bâtards. Non seulement il n'épousa point Antonie, mais il la quitta pour accomplir un grand voyage. Pierre Coecke se rendit à Constantinople, envoyé probablement par un de nos grands lisseurs, avec mission d'étudier la technique des tapis orientaux au point de vue du coloris. Il profita de son séjour sur les rives du Bosphore pour apprendre le turc, dessiner des types populaires et étudier les mœurs de ses modèles. Le sultan Soliman fut enchante des travaux du maître flamand et se laissa même « pourtraire » d'après nature. L'aventure turque de Pierre Coecke rappelle beaucoup, on le voit, celle de Gentile Bellini. Les dessins que le maître alostois rapporta de Turquie furent publiés après sa mort sous ce titre : « Les mœurs et fâchons de faire de Turcz avecq les Régions y appartenantes ont esté au vif contrefaictez par Pierre Coeck d'Alost luy estant en Turquie, l'an de Jesu-Christ M. D. 33, lequel aussi de sa main propre à pourtraict ces figures duysantes à l'impression d'ycelles. >' Van Mander décrit ce recueil avec un certain pittoresque : « On y voit d'abord, dit-il, comment l'empe- reur des Turcs a coutume de chevaucher avec sa garde de janissaires et sa suite. Deuxièmement une noce turque et la manière dont la mariée est conduite et escortée de musiciens, etc. Troisièmement la façon dont les Turcs procèdent à l'enterrement de leurs morts hors la ville. Quatrièmement la fête de la nouvelle lune. Cinquièmement la manière dont les Turcs prennent leur repas. Sixièmement comment ils voyagent. Septièmement la façon dont ils se comportent à la guerre. » Et le chroniqueur du Schilderboek ajoute : « Il (Coecke) s'est représenté lui-même dans le septième morceau de la suite, costumé en Turc et tenant un arc. Il montre du doigt un personnage, placé près de lui, et qui tient une longue lame pourvue d'une flamme ». — Mais en réalité le peintre alostois figure dans la première planche.

En 1534, nous retrouvons Coecke à Anvers, occupé à exécuter les célèbres géants de la ville ; sur le socle de son Antigonus il inscrit fièrement son nom et son titre : Pel. van Aelsi. picl. Imp. Carol. V. fecit Ao MBXXXJm. Mais bientôt le maître quitte à nouveau Anvers et en mai i535, il fait voile avec la flotte de son maître Charles-Quint, de Barcelone à Tunis. Selon toute probabilité il assista le zx juillet à la prise de cette dernière ville. Ce n'est point lui toutefois qui eut l'honneur de dessiner les cartons des tapisseries par lesquelles Charles-Quint voulut commémorer la conquête de Tunis, mais un autre peintre de l'empereur, Jan Vermeyen. Il est probable que van Aelst s'arrêta à Lisbonne à l'aller ou au retour. Le musée de l'Ermitage possède de lui deux dessins pour vitraux, montrant l'un les portraits du roi Jean III de Portugal