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LES PHIMITIFS FLAMANDS l55

du Franc. Il semble d'ailleurs que maître Lanceiot fut dessinateur de statues (et peut- être modeleur de maquettes) plutôt que sculpteur proprement dit (i).

I! convient, pour indiquer le rôle de Lanceiot Blondeel dans notre art et pour compléter notre étude sur les formes nouvelles de l'art flamand au commencement du XVI* siècle, que nous nous arrêtions un instant devant la célèbre Cheminée brugeoise. C'est en i5zS que le magistrat du Franc demanda des projets à quelques artistes : Pierre de Maretz, Jacques Dodckin, Guillaume Aerts, François van Kixhem, Lanceiot Blondeel. Le choix se fixa, le lo novembre, sur le projet de Blondeel, exécuté en pierre blanche, d'après les dessins du maître, par Jean Roelants. L'année suivante Lan- ceiot se rendit à Gand, Malines, Bruxelles, pour consulter des ouvriers experts sur les matériaux à employer et prendre avis du célèbre Jean Gossart, lequel reçut 20 livres pour sa consultation. Pour les armoiries disposées sur la cheminée, on suivit les indi- cations du héraut d'armes Toison d'Or, qui dirigea l'exécution des esquisses coloriées de tous les blasons et reçut en remerciement une coupe d'argent doré. De son côté, Blondeel, appelé plusieurs fois auprès du magistrat pour fournir des renseignements sur les travaux projetés, se vit offrir du vin après chaque séance et les scribes qui notent la dépense de ces kanne wijns prénomment successivement notre artiste : Lan- celoot, Lanchelot, Lanslol, Lanslot. Enfin, au mois d'octobre i53o, la forme du cou- ronnement de la cheminée étant arrêtée, le magistrat s'entretient de l'exécution avec Blondeel et les sculpteurs Beaugrant, Glosenkamp et Rœsch. — On voit avec quel esprit d'ordre, quel souci du détail et quelle déférence à l'égard du » maître de l'oeuvre » les autorités brugeoises agirent en cette circonstance.

La cheminée proprement dite, formée de colonnettes de marbre noir, garde des traces de style gothique. Sur le manteau, l'histoire de la chaste Suzanne, sculptée par Guyot de Beaugrant, se déroule dans des architectures antiques. Les cinq statues du couronnement représentent Charles-Quint et ses ancêtres maternels et paternels ; exécu- tées en bois et dessinées par Blondeel, elles sont disposées dans un ensemble décoratif tout animé, tout resplendissant des inventions juvéniles de la première Renaissance. On a qualifié de style plateresque (2) le système de décoration qui triomphe dans la che- minée du Franc. En réalité, ce style plateresque se rencontre plutôt dans les fonds des tableaux de Cornélis, Gossart, van Orley, van Coninxioo, Lanceiot Blondeel et consiste en un

(1) A pluiicur» moments de u carrière, il cul l'occaiion de fournir dei pjlrciu de •Kluc* : en iS>6 celai fmm* flitn-Dtm* pour 1» façade dea Halle*, en 1S19 le» modèlei des Iroia statuettes pour les clercs de saint Basile et beaucoup plas lard, ta iS4a, d«a patrons pour quelques statues au Greffe criminel. Le maître, en outre, <toffa de couleurs les statues d'an portique èlcW dmaal h Landhuus (i5i8) ainsi que sept statues qui ornaient la galerie de l'Hitel du Franc dSSS', Rien ne subsiste de ces Iravaai-

(1) ScMOY. Hisictrc de l'influtnct ilalttnnt lur l'arcMiKhirt dam ta Payt-Bâs. némoires de l'Acadimie d« B«i(<qist- Brunelles, 1879.