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24.4 I-ES PRIMITIFS FLAMANDS

dans sa grotte, sans avoir le moindre besoin d'aliments corporels, — Or, certain prêtre voulant mener une vie solitaire, s'était ménagé une cellule à douze stades de la grotte de Madeleine. Et un jour le Seigneur lui ouvrit les y^u", de telle sorte qu'il vit les anges entrer dans la grotte, prendre la sainte, la soulever dans les airs et la ramener à terre une heure après, (i) » Le volet nous fait assister à l'ascension de la sainte et à la surprise du prêtre. Voilée seulement de ses longs cheveux, Marie-Madeleine, les mains jointes, monte au ciel entourée de six anges qui l'encadrent plutôt qu'ils ne la soutiennent. La vision est pieuse, délicate de sentiment mais d'une réalisation assez matérielle et nous sommes loin de la céleste beauté que dégage la sainte Catherine de Luini. Traversé par un chemin sinueux qui mène au Calvaire, un paysage s'étend sous le groupe en couronne formé par la sainte et les anges. On y voit, en figure minuscule, le prêtre qui s'é/nerveillc du miracle, et, au premier plan, à l'échelle des grands personnages du festin central, le donateur, mains jointes, agenouillé devant un prie-Dieu où s'ouvre un manuscrit enluminé portant l'inscription : « Mari... Made- leina ora pro nobis am... »

Le revers des volets montre, en grisaille, l'Apparition de Jésus à Madeleine. Cette partie est complètement ruinée. La tête du Sauveur n'existe pour ainsi dire plus ; la couleur s'est détachée par grandes plaques. On devine que ce Christ, tenant une bêche, devait être très caractéristique ; la longueur de ses doigts (à remarquer dans d'autres figures du retable l'allongement arbitraire des extrémités) frappe dès le premier abord. La ruine de ce revers est si complète qu'on ne peut songer à y remédier; nous la croyons ancienne ; elle est du plus saisissant contraste avec la fraîcheur et la conser- vation des belles compositions intérieures-

« *

Quel est l'auteur de ce magnifique retable?

L'œuvre décorait jadis le réfectoire de l'abbaye des Prémontrés de Diligem, à Jette-Saint-Pierre près de Bruxelles. Marie-Madeleine était l'objet d'une vénération spé- ciale dans ce monastère où Sanderus signale le retable en ces termes : « Dans le réfectoire du couvent, grande et illustre construction, on voit une peinture incompa- rable qui représente la Conversion de Marie^Madeleine, la "Résurrection de Lazare et VÉlévalion au ciel de Marie-'Madeleine, et cette peinture est d'une élégance telle que

(1) Edition de Wyzevua. Paris, ipoi p. 343. Cité par A— J. Wautbrs op. cit