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LES PRIMITIFS FLAMANDS l3l

Ce panneau central évoquerait l'histoire de reliques fameuses conservées en l'église de Furnes et notamment la "Remise de la Châsse de sainte Walburge à Charles le Chauve et Baudouin Bras de Fer. Mais nous ne sommes point certain que ce panneau de Turin soit un fragment du retable perdu de la confrérie de la Sainte-Croix; nous ne sommes même pas certain que ce panneau soit de la main de van Orley. Par les architectures, par les hautes figures de hallebardiers placées dans le fond, l'œuvre est très voisine à la fois de la Légende de Marie^Madeleine du Musée de Bruxelles (i) et des Adorations des Mages du groupe Blesius. Les physionomies sont d'une élégance à laquelle van Orley n'a jamais prétendu. Presque en même temps que le retable de Furnes, le peintre bruxellois exécu- tait pour les charpentiers de Bruxelles, un triptyque, aujourd'hui dispersé et que posséda jadis l'église de Notre-Dame du Sablon. La partie centrale, signée, est au Musée impérial de Vienne ; les volets (Musée de Bruxelles), montrent d'un côté l'Incrédulité et la Mort de saint Thomas, de l'autre l'Élection et la Décollation de saint Mathieu. Les figures rougeâtres ont de gros traits, des nez retroussés (2) ; une architecture com- posite mélange le gothique flamboyant aux éléments d'une vague renaissance. L'ensemble, d'un goût douteux, ne vaut que par la franchise du coloris. Derrière le bourreau de saint Mathieu, apparaît un jeune homme d'aspect moins conventionnel que les autres personnages : c'est, croit-on, le portrait du peintre.

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Bernard van Orley fut nommé peintre de Marguerite d'Autriche par lettres patentes du 23 mai t5i8. A ce titre, l'artiste touchait de très médiocres appointements : un sou par jour. Mais van Orley vivait très simplement dans une maison sise au bord de la Senne, près de l'église Saint-Géry. Des peintres, des littérateurs, des fabricants de tapisseries étaient les habitués de sa demeure. Et son ami intime était le docteur Georges de Zelle, médecin de l'Hôpital Saint-Jean. Le portrait de ce dernier, peint en iSiq, est l'un des joyaux du Musée de Bruxelles, et l'un des chefs-d'œuvre de van Orley (Fig. CLXXII). L'artiste bruxellois n'a pas les partis-pris idéalistes d'un Gossart ; peintre de portraits, il est véridique à la manière des quattrocentistes de Bruges et son ami est rendu avec la plus consciencieuse fidélité. Georges de Zelle n'avait que vingt-huit ans. Sur la tenture, des mains entrelacées indiquent sans doute que le docteur était sur le

(1) Voir notre chapitre XXXII*

(1) C{- Jacombn. Gazelle des Btaux-ÂrU, t. II, içsS-