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23o LES PRIMITIFS FLAMANDS

Il est probable qu'il eut pour premier maître ce Valentin d'Orley, ou son frère aîné, Philippe, né en 1491 (?). L'hypothèse, avouons-le, règne ici en souveraine; seule nous paraît acquise la certitude que maître Bernard sortait d'une famille d'artistes.

On dit que voulant se perfectionner en Italie, il se serait rendu une première fois à Rome en tSoç au moment où Raphaël venait d'y être appelé par Jules II. Félibien (XVIIP siècle) raconte que l'illustre peintre des Stanze traita van Orley en ami ; nous verrons que Durer eut, lui aussi les rapports les plus affectueux avec le maître bruxel- lois. On peut donc se figurer Bernard van Orley comme ayant eu l'honneur de faire partie d'un insigne trio international. Mais les relations avec Raphaël ne sont pas prou- vées. Ni Vasari, ni van Mander n'en disent mol et il en fait mention pour la première fois en 1602 dans un rapport du magistral de Bruxelles où il est question de Jérôme, fils de Bernard. Le document dit que Bernard avait été deux fois à Rome, et qu'il apprit la peinture chez Raphaël d'Urbin. Deux fois ! M. Friedlânder traite les voyages en Italie de légende (1) et pense que maître Bernard a connu le style de Raphaël à Bruxelles même, par des dessins et surtout par les cartons de tapisserie que l'illustre urbinate envoya chez le tapitsier de Charles-Quint, Pieter van Aelst. C'est possible ; mais le voyage du peintre bruxellois ne nous paraît nullement invraisemblable. Sur les deux déplacements que mentionne le rapport de 1602, nous en tiendrions volontiers un pour réel.

Les Madones que l'on croit pouvoir dater des débuts de Van Orley paraissent antérieurs à un voyage en Italie {Madone de la collection Emden à Hambourg, Madone chez Rudolf Bangel à Francfort sur-le-Mein) et trahissent surtout des influences locales : Gérard David, Quentin Metsys, Gossart. Elles doivent avoir été exécutées avant 1514. En i5t5 van Orley était établi à Bruxelles et l'année suivante il peignait les portraits des enfants de Philippe le Beau : Charles (le futur Charles-Quint), Ferdinand, Éléonore, Marie, Catherine, Isabeau et le mari de cette dernière, Christian II de Danemark. Ces portraits sont perdus ; il existe d'anciennes répliques du Charles-Quint jeune à Naples, au Louvre, à Saint-Sauveur de Bruges (2), dans la collection Schlichting de Paris, dans la galerie Borghèse à Rome. De bonne heure donc, van Orley occupe une situation en vue et devient le portraitiste des gouverneurs. Les corporations aussi font tout de suite appel à son talent. En i5i5, la confrérie de la Sainte-Croix de Furnes lui commanda pour son autel de l'église de Sainte- Walburge un triptyque, disparu à l'époque de la Révolution française, et dont on croit avoir retrouvé la partie centrale à la pinacothèque de Turin (3).

(1) Max-J. Friedlandek. Bernaerl oan Orley, Jarbucb der Kôniglicb preuuUcben Kunsltammlungen. Berlin. Trentième volume I909. (1) Un charmant portrait qui passait autrefois pour être celui de Philippe le Beau, par Hugo van dbk Goes (!)• (3) A.-J. Wauters. Le Ketable de Sainte-Walburge, Bruxelles. 1899.