Roger par le style ; mais elle n’a point la beauté psychologique et technique qui distingue en général les œuvres du grand maître. C’est, comme on l’a dit, un beau travail d’élève. Nous avons signalé naguère quelles étroites affinités rattachent ce tableau des Offices, au charmant triptyque des Sforza (Fig. XXVII, Musée de Bruxelles). Le panneau central de cette dernière œuvre représente le Christ en croix et montre au premier plan François Sforza, sa femme Blanche-Marie et son fils Jean-Marie. Le saint Jean de Florence est identique de visage et de vêtement de celui de Bruxelles ; les Christs des deux tableaux ont un visage et une anatomie semblables ; Blanche-Marie Sforza, agenouillée en donatrice dans l’œuvre de Bruxelles, apparaît en Madeleine dans celle des Offices ; enfin le singulier petit personnage à barbe blanche qui, dans le triptyque de Bruxelles, montre sa tête au-dessus du blason des Sforza, se retrouve sous les traits de Joseph d’Arimathie dans le panneau de Florence. Ce triptyque des Sforza après avoir passé pour une œuvre de Memlinc, puis de Roger van der Weyden, est aujourd’hui attribuée à un artiste lombard, Zanetto Bugatto qui passa trois ans à Bruxelles dans l’atelier de maître Roger ainsi que l’attestent deux documents récemment mis au jour. Le premier est une lettre datée du 26 décembre 1460 par laquelle le duc de Milan, François Sforza, recommande Zanetto Bugatto au duc de Bourgogne dans les états de qui il se rend pour profiter des leçons du célèbre maître Guillaume : ut audita fama magistri Gugliemi (le duc a sans doute voulu dire Ruggeri). Le second document est une lettre de la duchesse, datée du 7 mai 1462, et portant cette adresse : Nobili viro dilecto magistro Rugerio de Tornay, pictori in Burseles. La lettre même est en italien. La duchesse remercie Roger de la libéralité avec laquelle il a appris son art au peintre milanais. « Et tant à cause du service rendu que de vos singuliers mérites, écrit Blanche-Marie, nous nous mettons à votre disposition pour tout ce qui pourrait vous être agréable. » — Après son séjour dans les Pays-Bas, Zanetto Bugatto retourna à Milan où il est souvent mentionné dans les archives des Sforza. Il mourut en 1476. L’hypothèse qui fait de lui l’auteur du triptyque des Sforza nous semble raisonnable et les traces très vives d’influences septentrionales que l’on relève dans l’école milanaise de la seconde moitié du XVe siècle se trouveraient ainsi expliquées. On pourrait considérer aussi Zanetto comme l’auteur de la Descente de croix des Offices. Pourtant observons que les volets du tableau de Bruxelles représentant d’une part, la Nativité, les figures de saint Bavon et de saint François, d’autre part les figures de saint Jean-Baptiste, de sainte Catherine et sainte Barbe s’écartent, par le sentiment, de l’art de Roger van der Weyden lequel est très vivement rappelé dans la partie centrale où le Christ semble une réplique de celui que nous admirerons à Anvers. Les figures féminines des volets sont au contraire tout imprégnées du génie de Memlinc. Cette absence d’unité nous
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