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V

Roger van der Weyden

Peintre de Bruxelles

L’histoire de l’art bruxellois ne connaît pas de plus grand nom. À la mort de van Eyck, Roger van der Weyden devint le chef incontesté de l’art flamand. Ses contemporains : Facius, Cyriaque d’Ancône, Antonio Filarète, le placent au premier rang des peintres de leur temps. Les plus belles peintures à l’huile, — assure avec raison l’architecte-sculpteur Filarète, — sont celles de maestro Giovanni da Bruggia (Jean van Eyck) et de maestro Ruggieri. Dans des poèmes souvent cités, le père de Raphaël et Jean Lemaire des Belges célèbrent la gloire du grand artiste et, bien entendu, le bon van Mander ne l’oublie pas dans son Schilderboek. Le Vasari néerlandais va même jusqu’à dédoubler la personnalité du maître ; son Livre des peintres mentionne un Roger de Bruges, excellent dessinateur, dit-il, peignant à la colle, à l’albumine et à l’huile, et renseigne plus longuement sur Roger van der Weyden, lequel « fit éclater à Bruxelles la vive intelligence que la nature avait départie à son noble esprit, pour le plus grand bien des artistes de son temps. » Roger de Bruges et Roger van der Weyden ne font sans doute qu’une seule et même individualité. En Italie le grand artiste, — à moins qu’on ne l’appelât Roger le Gaulois, — était en effet généralement désigné sous le nom de Roger de Bruges (Rugerus Brugiensis pour Cyriaque