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l36 LES PRIMITIFS FLAMANDS

stationnent dans le fleuve et Ursule est reçue par son amie Sigillindis, souveraine de la cité. Les monuments de Cologne encadrent la composition et l'on reconnaît très nettement la tour inachevée du Dôme, Saint-Martin et la Bayenlurm. A gauche, un ange annonce à la sainte son martyre; 2" Poursuivant son voyage vers Rome, Ursule arrive à Bâle. Dans le lointain se profilent les Alpes neigeuses que les vierges s'apprêtent à franchir. Le peintre de cette scène n'a certainement pas vu Bâle ; 3" Arrivée du pèlerinage à Rome (fig. CVl). Le pape s'avance vers sainte Ursule et la bénit ainsi que toute la pieuse escorte. A gauche, des néophytes reçoivent le baptême et l'on aperçoit, derrière eux, sainte Ursule communiant. C'est peut-être la plus belle des six compositions qui racontent la légende ; 4" Retour à Bâle en com- pagnie du pape et de deux cardinaux. Bâle n'a plus le même aspect que dans la com- position du départ ; 5° Retour à Cologne et martyre (fig. CVII et CVlIl). On aper- çoit celte fois les églises Saint-Séverin, Marie-au-Capitole, Saint-Martin et le Dôme. Un archer, dans le dernier panneau, ajuste la sainte défaillante; on croit que c'est un portrait du fameux Dschem, frère du sultan Bajazet qui fut pris à Rhodes en 1482 et mourut à Naples en 1495. Le peintre évoque ici la pittoresque vie des camps au XV* siècle avec l'art charmant et fidèle d'un chroniqueur de la Cour de Bourgogne.

Six médaillons décorent le toit. Les deux meilleurs représentent le Couronnement de Marie et Sainte "Ursule et ses compagnes ; les quatre autres, des anges musiciens. Ces médaillons sont, ou de médiocres travaux d'élèves, ou des peintures maltraitées par les restaurateurs. Il est certain que la Châsse ne nous est point parvenue dans son état primitif. Les baies où s'inscrivent les panneaux de la légende étaient décorées jadis de fenestrages enlevés on ne sait quand et dont la trace reste visible malgré des retouches (1). Nous ne pouvons toutefois accueillir l'insinuation des critiques allemands laissant entendre que les religieuses de l'Hôpital auraient vendu les médaillons de la partie supérieure et mis à la place de mauvaises imitations ! Par respect des reliques et aussi sans doute un peu par amour de ces charmantes miniatures, le trésor fut toujours jalousement gardé par les sœurs. Elles réussirent à le cacher en 1794 et à empêcher son exode à Paris. Depuis, elles repoussèrent constamment de brillantes offres de vente.

Vitet raconte qu'en 1829, la Châsse était dans la chapelle de l'Hôpital; à peine la pouvait-on voir et d'un côté seulement. Rares d'ailleurs étaient les Brugeois qui auraient conseillé à l'étranger traversant Bruges d'aller visiter l'Hôpital et ses

(1) Cf. HuLiN. Caïalogue. It existe à Chantilly un Transfert des reliques de sainte Perpétue dans l'église de bouvignes après le sac de Dînant en 1466, ueuvre assez apparentée avec la Châsse de sainte Ursule et les peintures de Munich et de Turin.

C(. WUBZBACH.