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LES PRIMITIFS FLAMANDS I 35

charmante et pour la physionomie poétique du donateur (fig. IC). Martin van Nje- wcnhoven n'avait que vingt-trois ans quand le maître fit son portrait. Il prie devant un vitrail où se dessine la traditionnelle figure de son patron. L'art de Memlinc se per- sonnalise dans cette tête un peu brune, qu'encadre une chevelure aristocratique et qui respire une ardeur juvénile. Le jeune roi David, que peignit van der Goes, n'avait pas plus de douceur, ni plus de mystique fierté que ce futur bourgmestre de la bonne ville de Bruges, et si Memlinc, dans sa jeunesse, rêva pour lui-même la beauté du visage, ce sont les traits héroïques et doux d'un Martin van Niewenhoven qu'il devait se souhaiter. Sur l'autre panneau du diptyque, la Vierge présente une pomme à l'Enfant Jésus (fig. C); le sentiment est ici moins élevé, l'idéalité de la Madone ne va pas sans une légère fadeur ; mais l'harmonie vaporeuse des teintes claires, azurées, duvetées comme du pastel, justifie la popularité de cette fine icône.

Le coloris de la Châsse de sainte Vrsule a les mêmes grâces délicates et un peu superficielles. (Fig. CI à CVIH.)

<^ Ce reliquaire célèbre est un petit édifice gothique mesurant o'"86 de hauteur sur

o^gS de longueur Il renferme des reliques dont le notaire Romboudt de Doppcre a

dressé l'inventaire et qui pourraient bien avoir été rapportées de Terre Sainte par Anselme Adornes, conseiller et ambassadeur de Charles le Téméraire, et offertes par lut à l'Hôpital Saint-Jean, (i) » Lâchasse fut solennellement inaugurée le i\ octobre 1489 par l'évêque Gille de Bardemaker ; les peintures qui la décorent, terminées peu de temps auparavant, sont donc bien postérieures à l'époque légendaire de Memlinc qui suit immédiatement la mort de Charles le Téméraire (1477),

Nous n'avons pas à raconter ici la légende de la vierge britannique et de ses onze mille compagnes; nous tâcherons même de nous en tenir à une description concise des peintures. Elles comprennent huit panneaux et six médaillons. Aux extré- mités de la châsse on voit, d'une part, Marie avec l'enfant protégeant deux sœurs de l'Hôpital, Jossine van Dudzeele et Anna de Moortele (fig. CIII) ; d'autre part, sainte Ursule tenant deux de ses compagnes sous son manteau, (fig. CIV) Sur les grands côtés, la légende se déroule en six compositions : t" Ursule décidée à fuir Conan, fils du roi des Pietés, débarque à Cologne avec ses compagnes (fig. CV). Les navires

(1) A.-J. Wauters. Biographie dt Belgique. Cf. surtout pour la Chiuc : Weali cl WuiinAai. Voir (gai VuMaa. VJIixbileclure dans les a-uvres de Memlinc el de Jean Fouquel. Gatelie des Beaux-Ârls, mari 1906, DiLtrmai; la CKIa* de mMt

Vrsule; Kevouerg van Kemel ; Vrsule, princesse britannique. Cand, 1818.