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tES PRIMITIFS FLAMANDS l33

sainte Catherine conservé dans la collection Goldschmidt et une Madone à mi-corps du prince de Liechtenstein. C'est en 1480 aussi (vers le mois de mai) que Memlinc acheta une grande maison, domus magna lapidea, * dans ta rue qui conduit du pont Flamand vers les remparts de la ville, ainsi que deux maisons attenantes (1) ». Le maître était riche; il n'y avait que cent quarante bourgeois de Bruges qui payassent des impôts plus lourds que les siens. On a supposé que la fortune lui était venue par le mariage; il épousa en effet entre 1470 et 1480 Anne, fille de Louis de Val- kenaere. Mais il est raisonnable de penser avec M. Weale, que Memlinc, chargé de commandes, gagnait beaucoup d'argent. Avec deux cent quarante-cinq citoyens de Bruges, il aida la cité à soutenir financièrement la guerre entreprise par Maximilien d'Autriche contre le roi de France. Nous sommes loin de la jolie légende chère i Fromentin! Memlinc reçoit même des élèves; le 8 mai 1480 Jan Verhanneman, fils de Nicolas, entre chez lui comme apprenti; en 1483 il reçoit dans les mêmes condi- tions Passchier van der Mersch; un autre artiste doit être considéré comme son élève, c'est Louis Boels qui fut maître lui-même en 1485 et se contenta souvent, croit-on, de peindre d'après des dessins ou modèles de Memlinc des tableaux qui sont peut-être tenus aujourd'hui pour des originaux de l'illustre maître... Les trois panneaux d'orgue du Musée d'Anvers : le Christ et les Anges Musiciens (fig. XCV à XCVII) furent sûrement exécutés avec des collaborateurs. Ils proviennent du couvent des bénédictins de Santa-Maria-la-Real à Najera (Castille) et comprennent en tout dix-sept figures plus grandes que nature (2). Les vêtements de deux des anges se rehaussent de broderies d'or où l'on voit les armes de Castille et de Léon et l'œuvre fut probablement commandée, vers 1480, par Pierre et Antoine Najera, consuls espagnols à Bruges. Les adorables figures d'instrumentistes célestes rappellent les anges du retable de Dantzig, mais le caractère général de l'œuvre, d'une ordonnance très régulière pourtant et d'une religiosité entière, n'accuse aucun parti pris d'archaïsme. Ces panneaux de Najera peu- vent même être considérés comme une « tentative d'avant-garde ». Ils sont comme une annonce du grand art décoratif de la Renaissance et si le maître n'avait pas aban- donné une trop grande part de l'exécution à ses élèves — nous ne retrouvons point les tonalités précieuses du Mariage Mystique et du retable de Jacques Floreins — , peut-être aurions-nous eu ici son chef-d'œuvre.

(i) Jakis Wbai».

(1) Six pttils tableaux du Muiée de Striabourg, atlribuéa IraditionnelIcmenI i Simon Marmion (I ayant formi jarfia m» triptyque, montrent au centre un Chrltl inapir< de celui de Najera. L'un dea petit» tableaux représente une (emme nue : U TanM ; à afca pied» est un petit chien que l'on retrouve dani un Porlratl de Dcnattur, de la Galerie d'Hermanaladl. attribua à HtmKmc atati que son pendant ; la Femme du Donateur (même Galerie).