Page:Fierens-Gevaert - La Peinture en Belgique, volume 1.djvu/257

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES PRIMITIFS FLAMANDS 127

style très élevé qui faisait probablement partie du diptyque admiré par l'anonyme de Morelli en i52i chez Pietro Bembo à Padoue : el quadrettro in due portelli del S. Juan Batlista vestilo con l'agnello) ; un Portrait d'homme (?) de la Pinacottièque de Munich avec un paysage semblable à celui qui encadre les saints Jean-Baptiste de Munich el de la National Gallery (i); le Portrait d'un Seigneur (Institut Staedel) coiffé d'une casquette conique, œuvre d'une grande sûreté technique que l'on désignait jadis comme étant le portrait de Mcmlinc lui-même ; enfin le Jeune Homme aux lon- gues boucles de l'Académie de Venise qui est à rapprocher du Jeune Homme à la flèche de la collection Oppenheim. Faut-il ranger parmi les créations du maître la Vierge el l'Enfant de la collection Liechtenstein, datée de 1472? L'auteur s'y essaie à des ordonnances plus réelles que celles de Memlinc. La Vierge, debout, se promène dans son intérieur gothique et s'approche du donateur agenouillé que lui recommande saint Antoine. Mais la Madone semble reproduire une statue et le donateur (son costume paraît d'une date postérieure à celle qui est inscrite sur le panneau) pour être animé d'un esprit nouveau, ne laisse pas moins à désirer comme portrait (2).

En 1473 — la Hollande étant en guerre avec la ville de Dantzig — le capitaine Paul Beneke captura un bateau frété par le célèbre Thomas Portinari (3) el qui allait de Bruges en Italie par Londres, portant à bord un grand retable du Jugement Dernier attribué aujour- d'hui à Memlinc. Tout comme la grande Adoration des Bergers de van der Goes, l'œuvre était destinée à décorer une église florentine, et les donateurs représentés avec leurs armoiries sur les volets extérieurs sont probablement Jacopo Tani de Florence et sa femme Catherine (4). Déposé par Paul Beneke à Sainte-Marie de Dantzig, le retable après un voyage à Paris et à Berlin est encore visible aujourd'hui dans une chapelle mal éclairée de la même église. Au centre, l& Jugement proprement dit montre le Christ dans sa gloire el saint Michel cuirassé pesant les âmes; à gauche, les damnés sont précipités dans les flammes éternelles ; à droite, saint Pierre accueille les élus que les anges conduisent par les portes d'un riche portail gothique vers l'éternelle spendeur. Très semblable au retable de Beaune, \& Jugement Dernier de Dantzig présente aussi de sensibles différences

(1) Œuvre douleuic que le xviii* litcle tenait pour un Raphiël I

(*) Tris apparentée i une autre Madone de la galerie Licchicnitcin, la \Urg€ de 1471 est luipecle à M. Wcak, paret ^m* l'Enfant Jésus est habillé. Cette particularité ne suffit paa, à notre avis, pour rejeter l'asuvrc du catalogue d« Memlinc.

(3) Cf. notre chapitre XI.

(4) Cf. pour le retable de Dantiig : Gaspaid Weinuich. Danxlger CbroHlk. Berlin, |85S p. 91; Km, A. Du Jimptl dericbt in der S'^Mjrttn Oberp(arrkircbe In Vanzig. Danisig, 1889 ; Léof. oa LiBaaua. Einign ibtr dj» btribmtt XUarbÛd : Dos Jimptl GtrUbl in der Martenkircbt au Damlg. Berlin, i83i; ; Caowa et Cavalcaselli (Ed. Allemand). Attribué succeasivement i *aa Eydi. van der Weyden, van der Goes, van Ouviialer, Wolgemut, le Jugement de Dantaig (ul donné à Memlinc par HoiIm. Wnrakadi inclinerait à considérer le retable des Tani comme une réplique d'un original dont il resterait un fragment au Loaw* (la attribués plutôt en ces temps derniers à Thierry Bouts).