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12.6 LES PRIMITIFS FLAMANDS

Berlin et le Jeune homme devant un prie-Dieu de la collection Salting de Londres (i).

Le beau Martyre de saint Sébastien du musée de Bruxelles (fig. LXXXIII) fut peint un peu après 1470; le style en marque la date : « Cette peinture est certainement une des oeuvres les plus remarquables qu'aient produites les primitifs flamands; l'auteur a choisi le moment du drame qui lui permettait d'ordonner la mise en scène la plus pitto- resque, celui où le saint sert de cible aux archers de Dioclétien (z) ». Si les architectures du fond manquent de netteté (et certes Memlinc « architecturiste » n'a jamais égalé les van Eyck) l'arrangement général, le coloris, et jusqu'aux types sont d'une rare séduction. Les « cassures » de la pelisse du saint, l'allongement des figures indiquent l'influence persistante de Thierry Bouts à qui l'œuvre fut longtemps attribuée. Mais le coloris est plus brillant que celui du peintre de Louvain, et Bouts aurait sans doute considéré comme une audace excessive, l'étroite rencontre du pourpoint jaune de l'archer et de son manteau de pourpre éclatante. Il est probable que le Martyre de saint Sébastien fut exécuté pour la Gilde des Archers à Bruges ; les bons bourgeois du XV' siècle apportaient quelque discernement dans leurs commandes artis- tiques (3).

Il nous faut maintenant citer sans ordre une série d'oeuvres attribuées avec plus ou moins de raison à Memlinc et qui semblent peintes entre les années 1470 et 1475 : le Jeune Homme tenant une flèche (collection Oppenheim) qui offre quelque ressemblance avec le portrait du bâtard de Bourgogne conservé à Chantilly (4) ; le Saint Jérôme, assez ruiné, de la collection Bachhofen (Bâle) ; les deux volets de la collection R. Kann de Paris, un "Donateur et sa femme avec leurs patrons peints dans un paysage qui font encore penser à Bouts ; le Portrait d'un homme à visage plein du Musée de Bruxelles (Nicolas Strozzi?) découpé sur un paysage sans caractère ; les remarquables figures de Saint Jean-^Bapliste et de Saint Laurent (National Gallery), volets d'un triptyque dont le centre est perdu ; le Saint Jean^Baptiste de la Pinacothèque de Munich daté de 1472 et signé H. v. d. Goes par un faussaire, (petite figure d'un

(1) Le» points d'interrogation nous sont une manière commode d'indiquer que l'œuvre ne doit être attribuée au maître qu'avec réserve.

(1) Cf. NàvB, Jos. Le Martyre de saint Sébastien au Musée de Bruxelles. Bruxelles, Imp. Bartsoen, 1899.

(3) Le Martyre de Bruxelles a été rapproché par M. A.-J. Wauteks (Sept études peur servir à l'histoire de H. Memling. Bruxelles, 1893) d'un saint Sébastien, volet d'un triptyque conservé au Louvre qui procède évidemment du tableau de Bruxelles, mais dont la facture nous rapproche de Gérard David. Une autre réplique du Martyre au Musée de Berlin fait plutôt penser à Albert Bouts. — Il y a lieu de remarquer encore que dans le tableau du musée de Bruxelles figure un Turc qui reparaît dans l'une des scènes de la Châsse de sainte Ursule.

(4) Le portrait de Chantilly est attribué par les uns à Roger van der Weyden, par les autres i Memlinc. Peut-être n'est-ce qu'une réplique d'un chef-d'œuvre perdu. Il en existe une copie, très médiocre suivant nous, à Dresde. Signalons encore à Chantilly un diptyque (Crucifixion et portrait de Jeanne de Bourbon) d'un imitateur de Memlinc.