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114 LES PRIMITIFS FLAMANDS

grande admiration, singulier en la draperie, relèvement de plate peinture, que l'on jure- rail que c'est une pierre blanche, qui n'y prendrait garde de bien près et surtout en la table d'autel la chandelle qui semble vrayement ardre (i). » Nous trouvons le maître installé à Valenciennes jusqu'à sa mort.

En avril 1476, on lui paya les enluminures d'un livre d'heures qu'il avait com- mencé pour Philippe le Bon et achevé pour Charles le Téméraire en 1470 (2). En 1468 il figure avec son frère Guillaume dans la liste des maîtres de la Gilde de Tournai. Il ne faudrait pas en conclure, comme le fait fort bien observer Pinchart, que notre artiste alla habiter cette ville même temporairement, mais il avait acquis par celte inscription le droit d'y recevoir des commandes et d'y envoyer ensuite ses travaux (3). On suppose qu'il fournissait des carions aux tapissiers de la ville. Simon Marmion peignit encore une Image de saint Luc pour l'autel de la gilde des peintres de Valenciennes, les por- traits de Charles-le-Téméraire et d'Isabelle de Bourbon en 1473, plusieurs tableaux pour l'abbaye de Sainl-Jean, un retable pour l'autel de Notre-Dame-de-Pitic aux Dominicains, et une Vierge qui, au XVII' siècle, fut léguée à l'hôpital de Louvain. Il ne reste rien de tous ces travaux. Le maître mourut le 24 décembre 1489. Sa fille — et non sa sœur comme on l'a cru jusqu'à présent, — fut une célèbre minia- turiste (la Marmionm de Jean-Lemaire) et sa veuve, qui appartenait à l'une des plus riches familles de Valenciennes : les Quaroube, épousa en secondes noces le peintre Jean Prévost. Simon Marmion fut inhumé dans la chapelle de Notre-Dame-la- Grande et l'on inscrivit sur sa tombe une épitaphe ampoulée d'où nous détachons ces vers :

« Par art fabrile ay atteinct le possible

Autant ou plus que nulz des plus expers,

Tant vivement que nul bruict je n'y pers... >■ (4)

Doreur et polychromeur, peintre de retables, de cartons de tapisseries, minia- turiste de premier ordre, au point que Jean Lemaire le qualifie de " prince d'enlu- minure », Simon Marmion n'est pour ainsi dire plus qu'un nom. « Nulle pari il

^1) Cite par WuuBACH.

(1) On croît reconnaître ce livre d'heures dans un bréviaire conservé à la bibliothèque de La Haye.

(î) C(. HisAULT, Maurice, les Marmion. (Jeban, Simon, Mille tl CollintÙ. Paris. Ernest Lercun, 19U7.

(4) Voici la traduction. Cf. ni Fourcaud art. cité.

Par mon talent d'artiste j'ai tout exprimé le mieux possible,

Autant cl plus qu'aucun des plus habiles

Avec tant de vie que j'en fais comme percevoir le bruit.