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|08 LES PRIMITIFS FLAMANDS

sophes et des écrivains que l'on attribuait jadis à Melozzo da Forli (Louvre et col- lection Barberini à Rome) (i). Nous sommes également convaincu que les tableaux du Trivium et du Quadrivium, donnés faussement à Melozzo (la Dialectique et VAstro- nomie à Berlin; la Musique et la 'Rhétorique à Londres), sont de la main de Justus. Il faut même y voir l'œuvre maîtresse du peintre flamand, précisant avec soin les formes, revêtant ses figures allégoriques de superbes costumes italiens, unissant à la facture patiente de nos primitifs flamands du xv^ siècle, on ne sait quelle bravoure qui annonce nos italianisants du xvi'.

De ce maître à qui les artistes italiens du xvii' siècle rendaient encore hommage, nulle oeuvre certaine n'est conservée en Belgique. On lui attribue une Bénédiction (fig. LXXIII) du Musée d'Anvers. Un pape qui serait Paul II (élu en 1464 et mort en 1471) tourne le dos à un autel surmonté d'un retable à compartiments et nous présente l'ostensoir avec la sainte hostie, tandis que deux anges thuriféraires au premier plan balancent de beaux encensoirs gothiques. L'attribution à Justus de Gand ne nous choque point et cette œuvre atteste un désir de simplifier les formes et d'adoucir les teintes où l'on peut voir des traces italiennes.

Les succès de Justus de Gand à la cour de Frédéric de Montefeltre sont un signe éclatant de cette admiration que l'Italie princière et artistique du xv'^ siècle ne cessa de témoigner à nos artistes; mais d'autre part, les œuvres de Justus laissent apparaître les premières avec netteté, cet amour de l'Italie qui bientôt allait posséder tous les artistes des Flandres.

(t) On attribue encore i Melouo da Forli. dam la galerie Barberini, le portrait de Frtdiric de Montefeltre et de ion fils Guidobald qui nous temble bien de la même maiti que les figures de saint Grégoire, saint Ambroiae, Moïse et Salomon que l'on consent à attribuer à Justus.