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Joost uan Wassenhoue (Justus de Gand)

On ne sait rien des débuts de sa carrière. Reçu franc-maître à Anvers en 1460, puis à Gand le 6 octobre 1464, il partit pour l'Italie en 1474. Le florentin Vespa- siano da Bisticci raconte que le célèbre duc d'Urbin, Frédéric de Montefeltre, fit venir de Flandre des tapis et un peintre, — et il ajoute que Frédéric manda le maître flamand parce qu'il ne trouvait en Italie aucun peintre se servant bien de la peinture à l'huile. Ce maître, que da Bisticci ne désigne point par son nom, est sans aucun doute Justus de Gand. On conserve dans la Galerie d'Urbin une Cène de dimensions considérables que maître Justus exécuta pour la corporation des frères du Corpus Christi, de l'église de Sainte-Agathe. L'œuvre a été fort retouchée et nous ne pouvons plus guère l'appré- cier qu'au point de vue de l'ordonnance. La composition a pour décor un choeur d'église qui fait penser à Jean van Eyck, mais le groupement qui montre le Christ allant d'apôtre en apôtre pour tendre l'hostie, est d'une singulière hardiesse, et le peintre obtient un effet remarquable en opposant aux assistants qui ont reçu la nour- riture divine et sont plongés dans une profonde méditation, ceux qui attendent encore la chair du Seigneur... Les types font penser à Hugo van der Goes et à Thierry Bouts, — et le groupe curieux formé par Frédéric de Montefeltre et les envoyés turc* à la cour urbinate, sont d'un portraitiste de la grande lignée eyckienne.

On a restitué à Justus de Gand une série de portraits représentant des philo-