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LES PRIMITIFS FLAMANDS t05

nelz — est d'une grande vérité individuelle avec sa lèvre inférieure menaçante, ses yeux verts légèrement bleuâtres, son nez allongé, son aristocratique maigreur. Philippe de Croy ressemble, comme nous l'avons déjà dit, au Chevalier à la Flèche du Musée de Bruxelles (Cf. p. 5i) attribué à Roger van der Weyden ; comme l'archer bruxel- lois il a vu ses carnations jaunir terriblement sous l'application de successives couches de vernis. L'élégance et la force nerveuse de ce portrait ne sauraient d'ailleurs faire oublier la beauté des donateurs peints sur le Retable des Portinari, où le maître riva- lisa avec Jean van Eyck et s'affirma comme un précurseur du portrait moderne.

Un véritable culte a, depuis quelque temps, entouré l'œuvre de van der Goes, du moins ce qui reste de cet œuvre. De nombreuses attributions, souvent très dis- cutables, ont été le fruit de cet amour. Ce n'est point notre rôle d'analyser et de commenter les numéros douteux du catalogue de maître Hugues. Nous noterons, tou- tefois, que van der Goes se livra à l'art de la miniature. Mais nous n'avons aucune certitude à cet endroit et l'on ne peut rien déduire du fait que Catherine van der Goes, sœur ou parente du grand maître, épousa Alexandre Bening, célèbre miniatu- riste brugeois (i). Nous mentionnerons ici, — ne pouvant la ranger sous une autre rubrique, — une œuvre qu'Alphonse Wauters donnait sans hésitation, et pour les plus étranges raisons, au peintre du Rouge-Cloître (Fig. LXX). C'est une Adoration des bergers du Musée de Bruxelles (2) exécutée vers 1490. L'auteur appartient à l'école gantoise et ses bergers sont frères de ceux du retable de Portinari. Mais la part la plus captivante de cette œuvre énigmatique est au revers des volets (Fig. LXXI) : d'un côté sainte Barbe vue de face, de l'autre, sainte Catherine, de profil, toutes deux délicieuses d'élégance, de charme, de féminité. En une formule très large et très souple, l'art de Jean van Eyck et celui du Maître de Flémalle se trouvent harmonisés dans ces figures qui, pour n'être que les créations d'un disciple, font rêver aux com- pagnes de l'adorable Abiga'i'l gantoise... On peut rapprocher de ce triptyque un tableau du Musée de Bruxelles qui met curieusement en page sur le même panneau la

(1) Van dtr Goci aurait nolainmcnt collaboré à l'illualration du Livr« d'hcurca de Philippe de Clèvci, acigncar de R««a»- siein, conicrvc dan» la bibliothèque d'Arenberjj. C(. Ed. Laloirc, Le Lier» d'btura dt Pb. dt Clètn. Imprimerie Vtrfcck*, Brwitlk*. Cf. aussi Sander Pierroii .Tri mo,U!tne. 7 août i<)o5 et Hittoirt de U Foril de Soignes. Bulen», Brunellea. i^ai, p. 46a.

(1) N" 543 du catalogue A.-J. Wauler». Ce tableau aurait cti peint • Imola, prèi de Ravenne, et donné par un pape a une corporation irunaalique. C(. Alph. Waulera, M. van dtr Gâte. CuntrairemenI à ce que croit M. E. Jacjbaen <6tutî* dm Seaax-Jiris, 1906), cette ucuvre n'a rien de commun avec le retable du Muaée Poldi Pezaoli.