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LES PRIMITIFS FLAMANDS 97

quées, inallérables, belles et pures, doivent être admirées. En somme tout l'ouvrage est parfait; il ne nous manque rien sauf la parole, défaut bien rare pourtant en notre sexe. (t). » Le parallèle avec l'antiquité laisse intacte la malice flamande du trait final. La figure centrale de David, fière et chevaleresque, reproduisait, dit-on, Hugo van der Goes en personne et les copies font penser que le maître y préludait à la série des beaux héros mystiques qui sont la gloire de Memlinc.

De telles œuvres assurent l'éclat d'un nom, et de bonne heure sans doute les créations de van der Goes se multiplièrent. A Anvers, l'église des Pauvres-Claires possédait un Crucifiement avec volets; l'église de Vosselaere montrait plusieurs tableaux du grand maître. La trace de ces peintures est hélas! perdue, comme celle du portrait du Vénérable Bède mentionné dans la collection de Rubens. Le petit retable pliant du Musée de la Cour de Vienne, représentant, d'un côté, Adam et Eve sous l'arbre de la Science et, de l'autre, une Pietà, semble remonter aux premières années de la maîtrise de van der Goes, au moment où son génie prenait un essor définitif (2), Adam et Eve, dans le paysage paradisiaque, avec le tentateur à leur côté, sont dessinés par la plus délicate et la plus experte des mains, et le maître mérite largement l'éloge que lui décerne Jean Lemaire de Belges dans sa Couronne mar- garilique : « Hugues de Gand, qui tant eut les tretz netz ». La Piétà pèche par quelque excès de pathos, mais les personnages sont superposés avec un art infiniment savant. Ce diptyque est de petite dimension; on attribue d'ailleurs au maître un cer- tain nombre de tableaux de petit format (3), et nous en possédons un, suffisam- ment caractéristique, au Musée de Bruxelles (4). Il représente ta Sainte Famille : Sainte Anne en robe rouge tenant l'Enfant Jésus, la Vierge habillée de bleu à ses côtés et un moine franciscain en attitude orante (Fig. LXV). L'œuvrette, très simple et très noble, est d'une exécution extrêmement soignée, jusque dans le détail exquis des fleurettes, — et le type de Marie, individualisé par un front élevé, répond aux phy- sionomies de Vierges adoptées par le maître.

C'est vers l'année 1476 — ainsi que l'indique l'âge du donateur, de la dona- trice et de leurs enfants — que van der Goes exécuta le Retable des Portinari auquel le Musée des Offices a réservé de nos jours une place d'honneur et qui est la seule œuvre que la critique puisse attribuer au maître avec une entière certitude. Commandé

(1) Voir le texte flamand dans Alpii, Wautbhs, op. cil. p. ti.

(2) Œuvre signalée dans l'inventaire de Marguerite d'Autriche. La composition est reproduite dai*s une des miniatM BrtBiaire Grimani.

(3) A l'Institut Stxdel. aux musées de Vienne. Saint-Pétersbourg, Florence. Berlin. Casse), Venise (Mué* CorrerV

(4) Restitué au maitre par le docteur Scheibler. Cf. Cal. Wauters, n° S44. De l'école de van d«r Go** po«r Bod*.