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LES PRIMITIFS FLAMANDS gi

curs 8 à lo sols (i). De nouvelles fêtes furent célébrées à Bruges, peu de temps après, à l'occasion de la réception solennelle de Marguerite d'York en qualité de comtesse de Flandre. Le rôle de maître Hugues, cette fois, fut plus important. Tandis que Daniel de Rycke n'était chargé que de peindre les ornements et les décors de deux portes de la ville, van der Gous exécutait les figures allégoriques et historiques placées dans les rues où passa le cortège de la comtesse. Il touchait de ce chef 14 livres, et Daniel de Rycke n'en recevait que cinq (2). Comme décorateur maître Hugues semble avoir fait un chemin rapide et la ville de Gand, elle aussi, fit souvent appel à son talent d'héraldiste, de peintre de blasons et d'allégories décoratives. En 1468-69, son nom paraît deux fois dans les comptes de la ville : i" « pour ce qu'il a peint un certain nombre d'écussons, aux armes de notre saint Père le Pape, pour la proclamation de l'indulgence dans la ville " ; 2" « pour les peintures qu'il a exécutées avec ses aides, servant à la joyeuse entrée de nos redoutés maîtres et seigneurs, figures sur loile placées le long des rues et ailleurs ». A la fin du xv' siècle, les traditions dans le métier des peintres étaient identiques à celles qu'avait connues et suivies Melchior Broederlam.

Ces figures sur loile « placées le long des rues » étaient sans doute exécutées à la détrempe et van Mander nous apprend que van der Goes se servait volontiers de ce procédé. Il existe à la Librairie de la Christ-Church d'Oxford un fragment de peinture en détrempe que nous sommes tenté de considérer comme une page, déjà magistrale, des débuts du maître. Ce morceau saisissant ne montre plus que les têtes de la Vierge et de saint Jean sur fond d'or et serait le reste d'une grande peinture détruite par le feu dans un palais de Gênes (3). Hugo van der Goes, qui devait sur- tout se signaler dans la suite par une puissance d'individualisation toute moderne, s'y souvient des grands élans lyriques de Roger van der Weyden. Un autre fragment à la détrempe qui semble de la main du maître et que le musée de Berlin possède depuis peu, ainsi que toute une série de Descentes de Croix qui sont les répliques d'une œuvre perdue de van der Goes, viennent confirmer notre observation. Peut-être même le prototype de ces Descentes de croix était-il la peinture dont la Librairie de la

(1) Cf. HtiLiN, cat. p. XXXIX. La liait dca pcinirca ayant travailli à Brugci à l'occaaion dca noctt de Charlct k T tn i fc rairc (ul extraite dea complea de Faatri Mollet , triaoricr du duc, par Schayea qui la communiqua ' de Rtiffenberg, lequel la (il imprimer dana l'édition annotée par lui de VHUIairc dta ducs de Bourgogne, de de Baranle. Elle a depuia é\i reproduite par Mickicb dani »on Hisictre Jt la Peinture flamande et boUandaiie, I. II, p. 411. Cf. Atm. Wautiii, Hitguet mu J*r Sea, Bruaclk*. 1872, p. 7, note 2.

(1) Cf. Alph. WAUTiia, Hugues iian der Goei, p. 7.

a) HoLMiia E.-H. l/ne peinture de l'École de Tournai. Burlliiftoii Magaxliu. août iça?.