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VII

La Vierge du doyen van der Meulen.

Nous lui faisons une place à part. C’est la seule œuvre qui représente la peinture mosane de la première moitié du XVe siècle, — et encore est-elle de 1449[1]. Nous ignorons tout de la peinture liégeoise avant cette date, à moins qu’on ne veuille considérer les frères de Limbourg et les van Eyck comme ses créateurs. Le peintre de la Vierge de van der Meulen devrait être considéré dans ce cas comme un disciple singulièrement attardé. La Vierge, assise sur un trône de marbre blanc, est d’un aspect archaïque et sculptural. Les cinq anges chanteurs groupés au-dessus de sa tête ont plus de vie et de réalité. À gauche de la composition se tient saint Paul, à droite saint Pierre, deux figures amples et graves qui semblent copiées de quelque fresque trécentiste. La Madeleine agenouillée devant la Vierge baise les pieds de l’Enfant-Jésus ; son profil répète d’une manière presque textuelle le profil d’une sainte femme placée à gauche de la Vierge dans la première miniature des Heures de Turin[2]. En face de la Madeleine, le donateur dans l’attitude de la prière, tenant l’aumusse en fourrure grise est portraituré à la moitié de la taille des autres personnages. Une inscription latine dans la partie inférieure nous apprend que l’œuvre servait d’épitaphe au doyen de saint Paul, Petrus de Molendino (Pierre van der Meulen) décédé le

  1. Cf. Helbig, Histoire de la peinture au pays de Liège. Ed. 1873, p. 83 et s.
  2. Cf. notre Renaissance septentrionale, p. 121.