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JORDAENS


Jordaens ! Dans le timbre populaire de ces deux syllabes, une grande âme vibre avec des accents de force et de joie, — et voici, parmi la foule glorieuse des maîtres où règne Rubens, une individualité très prononcée, haute en couleur, en verve, en race. Nul peintre du xviie siècle ne résume mieux que celui-ci le Flamand de la Haute Renaissance, magnifique, sensuel, passionné de matière jusqu’au lyrisme ardent. De grands tableaux aux couleurs brûlantes nous disent le rêve épique des maîtres d’Anvers, et, dans cette fête de la couleur, les œuvres de Jordaens sonnent comme un éclat de rire, — le rire gras, sain, énorme des géants septentrionaux de l’art. De là vient qu’elles enchantent les hommes des Flandres et du Brabant, et vous entendrez en Belgique des passionnés soutenir que Jordaens est supérieur à Rubens ; de là vient aussi que l’esprit latin sympathise peu en général avec cette force tapageuse de demi-dieu en liesse.

Qu’on n’aille pas croire que Jordaens ignora complètement les critères classiques. S’il ne visita point l’Italie, il