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ment avec la transparence ivoirine des visages rehaussés de rose dans les carnations.

La gloire acquise par maître André à la Cour de Berry montre que Paris ne jouissait plus alors d’un prestige exclusif et tyrannique. Mais jusqu’aux environs de l’année 1400, la capitale du royaume resta le point sonore du monde artistique septentrional. Sur un fond français sillonné d’afflux italiens et germaniques se développait un art un peu hybride, mais pratiqué par des maîtres sincères, chercheurs, impatients de découvrir leurs propres voies, et parmi lesquels les maîtres des Flandres plus particulièrement peintres, et les maîtres wallons presque toujours sculpteurs, se tiennent sans conteste au premier rang. Et leur supériorité tend plutôt à s’accentuer lorsque, après la mort de Charles V, les résidences des régents deviennent des foyers rivaux de Paris. Nous avons rencontré André Beauneveu à Mehun-sur-Yèvre. Nous verrons briller Jacquemart de Hesdin et les frères Limbourg à Bourges ; à Dijon s’assemblera une pléiade incomparable avec les Jean de Beaumetz, les Jean de Mareville, les Jean Malouel, les Bellechose, le génial Claes Sluter et son neveu Claes Van de Werve comme têtes de groupe. Ils sont flamands, wallons, hollandais ; la tradition voit en eux une des générations les plus riches de la grande famille flamande. La plupart nous font pénétrer dans le XVe siècle ; mais leurs origines appartiennent au siècle précédent et leur art au moment où le siècle du Renouveau expire vient mettre sur cette ère glorieuse une impérissable couronne flamande.