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xelles : « les Très belles heures très richement enluminées du duc de Berry. »[1] L’une d’elles représente la Vierge avec l’enfant Jésus ; la Madone, assise sur un siège compliqué, d’aspect méridional, montre une tête petite, individuelle, encadrée d’une auréole d’or ; la volute chère aux maniéristes se multiplie au-delà de toute mesure dans cette composition. Le manteau de Jésus, la robe et la banderolle de la Vierge, ses cheveux même tout ondule, serpente, se recourbe.



Jean de Liège ou Jean de Saint-Romain
Jeanne de Bourbon des Célestins. 2e moitié du XIVe siècle, (Musée du Louvre).
Dans l’autre grisaille on voit le duc en prière, vêtu d’un manteau à camail et accompagné de saint Jean-Baptiste et saint André. Le système de plis est ici plus calme ; les ondulations n’apparaissent que dans un coin du manteau de saint Jean-Baptiste qui relève le bras gauche pour soutenir l’Agneau mystique. Le fond de ces deux enluminures, pour être conventionnel, n’en est pas moins remarquable. Certains l’appellent évangélique. Pour la Vierge c’est une tenture rouge amaranthe où se pressent dans un ciel invisible des anges chanteurs et musiciens, portant violes, flûtes, orgues et monocordes, déployant des philactères où se lisent les paroles des Cantiques. Les figures du duc et de ses patrons s’enlèvent sur un tapis d’azur semé des fleurs. La couleur de ces deux fonds, malgré sa douceur, tranche vive-

  1. J. van den Gheyn: Catalogue des manuscrits de la Bibliothèque royale de Belgique. T.I, n° 719, p. 445 et 446. Ce Livre d’heures contient en outre vingt grandes miniatures paginales attribuées à Jacquemart de Hesdin et dont nous reparlerons plus loin.