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Comme le proposent les nouveaux éditeurs du Cicerone[1], il s’agit ici sans doute du travail d’un maître napolitain influencé par le réalisme flamand du XVe siècle.


Photo Hanfstaengl
Jean Van Eyck
L’Ange Gabriel
Volet du retable de l’agneau
(Musée de Berlin)

Nous devons considérer comme absolument perdu aussi le célèbre triptyque : la Vierge avec l’enfant Jésus et le donateur qui provient de l’abbaye Saint-Martin à Ypres et que possède aujourd’hui M. G. Helleputte. L’authenticité de cette œuvre, laissée inachevée par le maître, est incontestable ; deux documents presque contemporains l’établissent et il y a peu de tableaux de Jean Van Eyck dont l’histoire soit aussi connue[2]. Tous les chroniqueurs du XVIe et du XVIIe siècle le signalent : Van Vaernewyck, Lucas de Heere, Guichardin, Van Mander, qui dit : « Il semblait que ce fut une œuvre plus divine qu’humaine. » Mais il ne reste plus trace de la peinture primitive. Elle a été restaurée ou plutôt refaite impitoyablement, par quelque barbouilleur yprois de la fin du XVIe ou du commencement du XVIIe siècle. L’abbé Nicolas Van Maelbeke prévôt de Saint-Martin d’Ypres, représenté au centre, est effrontément défiguré ; on lui a fait une tête rougeaude de tireur à l’arc. Aucun vestige ne subsiste du pinceau

  1. Burckhardt. Cicerone. 2e part. 5e éd. Trad. Gérard, p. 632, note.
  2. Cf. Weale. Catalogue des primitifs, p. 6. et 7.