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roi en fut ravi. Les artistes accouraient en foule pour voir le surprenant


Photo Hanfstaengl
Jean Van Eyck
Portrait d’Isabelle Borluut
Volet du retable de l’agneau
(Musée de Berlin)

ouvrage, mais bien qu’ils y regardassent de près et fissent toutes sortes de conjectures, allant jusqu’à flairer le panneau qui émettait une odeur d’huile très prononcée, le secret n’en resta pas moins impénétrable ».[1] Ce que Van Mander rapporte ici, est emprunté à Vasari. Cette expertise olfactive est plaisamment suspecte. Mais l’admiration des peintres italiens pour la technique de Jean est hors de doute. Perdu aussi malheureusement ce triptyque. On ne saurait reconnaître sa partie centrale dans l’Annonciation de St. Pétersbourg, laquelle n’est elle-même qu’un volet. Quant au saint Jérôme qui figurait dans le triptyque de Lomellinus et que Facius nous décrit dans sa bibliothèque, il se retrouverait dans une œuvre italienne de la National Gallery.

Il ne faut point confondre, croyons-nous, ce Saint Jérôme avec celui que possédait Laurent de Médicis au dire de Van Mander et de Vasari. On a cru reconnaître ce dernier tableau dans une œuvre du musée de Naples : un Saint Jérôme dans sa chambre de travail qui a été successivement attribué à Hubert Van Eyck, à Colantonio del Fiore (?) et à Jean Van Eyck lui-même. C’est faire beaucoup d’honneur à une œuvre qui n’a rien de magistral.

  1. Van Mander, Livre des peintres, tr. Hymans, p. 39.