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Rolin, le Mécène bourguignon, en qui la légende ne veut voir qu’un financier rapace bien qu’il fut le fondateur magnifique de l’Hospice de Beaune et de l’église d’Autun, d’où provient la Vierge du Louvre. Rolin naquit en 1376 ; il avait une cinquantaine d’années quand Jean Van Eyck peignit son portrait ; vingt ans plus tard le chancelier commandait à Roger Van der Weyden le Jugement Dernier de Beaune, où nous le voyons reparaître sous la figure d’un vieillard mince, sec, décharné…

Le tableau de Van Eyck se complète d’un paysage, admirable pour la justesse des plans, la précision de la perspective aérienne, le charme doux des teintes finement graduées.





Huber Van Eyck (?)
La Vierge avec deux saintes et le donateur
(Paris, Collection de Rothschild)

Au delà du portique, un jardin diapré de lys, de roses, de glaïeuls, de pies, de paons, s’enclôt d’un chemin de ronde à parapet crénelé où flânent deux personnages en chaperon. Plus loin, coupé par un fleuve que traverse un pont chargé de passants, s’étale une ville française, rhénane ou mosane ? — où l’on voit des quais, des rues, des églises, une cathédrale et jusqu’aux porte des logis. Des collines couronnent la cité de gradins verdoyants et bleuâtres, parmi lesquels serpente le ruban de plus en plus mince du fleuve.

L’œuvre garde quelque indécision, quelque raideur dans la disposition des figures ; les mains du donateur n’ont point l’individualité que Jean Van