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Cambrai. « Johanni de Yeke, pictori, pro pictura cerci paschalis XI J S » >.[1] Il perpétuait, comme on le voit, les traditions professionnelles des artisans du xive siècle et ne dédaignait aucune besogne concernant son métier, car malgré les faveurs des princes, malgré l’indépendance grandissante des artistes, l’art restait un métier et Jean Van Eyck peintre de retable, portraitiste illustre, ambassadeur de Philippe le Bon, fut à certains moments tout comme Broederlam, un simple décorateur.

Immédiatement après son passage à Cambrai, nous trouvons le jeune maître au service de Jean de Bavière, dit Jean sans Pitié, en qualité de peintre et de valet de chambre.





Goupe de Vierges
Miniatures des « Heures de Turin »

Le prince avait abdiqué à Luxembourg en 1417 et s’était fixé à La Haye. C’était un Mécène de haut goût et M. Durrieu, tout en se persuadant que les Heures de Turin furent commandées par Guillaume IV, laisse entendre qu’après tout elles auraient bien pu être exécutées pour Jean de Bavière. M. Pinchart nous a appris d’autre part, qu’un certain Henri Van Eyck fut en Hollande le maître veneur — Jaghermeester — du célèbre prince-évêque. Peut-être était-ce un parent des deux peintres ? En tout cas Jean Van Eyck fut employé à La Haye à la décoration du palais de Jean de Bavière, depuis le 24 octobre 1422 jusqu’au 11 septembre 1424 ; ces peintures sont perdues, ce qui ne nous empêche point d’approuver M. Weale, quand il dit que « pendant son séjour à La Haye, Jean Van Eyck a dû exercer une influence considérable sur les peintres de Haarlem et des autres villes environnantes ».[2]

On peut supposer aussi que pendant son passage à la cour de Jean

  1. Houdry. Histoire artistique de la Cathédrale de Cambrai, 1880. Cf. Livre des Peintres, p. 45.
  2. Catalogue de l’Exposition des Primitifs à Bruges, p. XVII.