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nes, nous serions tenté de l’appeler sagesse, plutôt que vertu ; car à ne considérer que le seul intérêt de cette vie, nous ne concevons pas de système plus raisonnable que celui des anciens Épicuriens qui attachoient le souverain bien à la sagesse, ni d’opinion plus absurde que celle de leurs modernes adversaires qui placent la félicité suprême dans la complète satisfaction des appétits sensuels.

Mais si la vertu, comme nous inclinons à le croire, est une qualité relative qui s’exerce sans cesse au dehors, et pour l’ordinaire dans le seul intérêt d’autrui, nous aurons peine à convenir qu’elle soit le plus sûr chemin du bonheur ; car nous craignons qu’il ne fallût alors comprendre dans l’idée du bonheur, la pauvreté, le mépris et tous les maux que la calomnie, l’ingratitude et l’envie peuvent répandre sur l’espèce humaine. Peut-être même serions-nous quelquefois obligé d’aller chercher le bonheur au fond d’un cachot, puisque la vertu dont nous parlons y a conduit un grand nombre de ses adorateurs.

Nous n’avons pas le temps de parcourir en ce moment le vaste champ de spéculations philosophiques qui s’ouvre devant nous. Notre dessein n’étoit que de combattre en passant une doctrine erronée. Tandis que M. Jones s’efforçoit de sauver de leur ruine des infortunés, le diable, ou