trouvèrent les convives d’aussi bonne humeur qu’ils les avoient laissés.
Cette petite société passa fort agréablement deux ou trois heures. Le vieux campagnard, grand amateur de la bouteille, poussa vivement son neveu. Celui-ci commençoit à avoir la tête un peu étourdie, quoiqu’il ne fût pas encore ivre. Avant de l’être tout-à-fait, il monta avec son oncle dans l’appartement qu’il occupoit peu de jours auparavant, et lui ouvrit ainsi son cœur :
« Mon cher oncle, vous avez toujours été si bon pour moi, et vous montrez aujourd’hui tant d’indulgence en me pardonnant un mariage qu’on peut sans doute appeler imprudent, que je me croirois inexcusable de chercher à vous tromper en quelque chose. » Aussitôt il lui dévoila tout le mystère.
« Comment ! Jacques, dit le vieillard, vous n’êtes pas réellement marié ?
— Non, sur mon honneur, je vous ai dit la pure vérité.
— Mon cher enfant, s’écria l’oncle en l’embrassant, cette nouvelle m’enchante. Je n’ai senti de ma vie un plus grand plaisir. Si vous aviez été marié, je vous aurois aidé à vous tirer d’une mauvaise affaire ; mais il y a bien de la différence entre une chose faite et une chose qui est encore