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et le jeune Nightingale, soupoient ensemble. L’oncle, suivant le desir qu’il en témoigna, fut reçu sans cérémonie. Comme il étoit venu voir plusieurs fois son neveu dans cette maison, toute la famille le connoissoit. Il alla droit à miss Nancy, et lui fit son compliment, ainsi qu’à sa mère et à sa jeune sœur, puis il félicita son neveu d’un air aussi cordial et aussi satisfait, que s’il eût épousé avec toutes les formalités requises une fille, dont la fortune eût égalé ou surpassé la sienne.

Miss Nancy et son mari supposé pâlirent et demeurèrent interdits. Mistress Miller saisit la première occasion de se retirer. Jones étant allé la trouver au salon, elle se jeta à ses pieds, les larmes aux yeux, l’appela son ange tutélaire, le sauveur de sa pauvre petite famille, lui prodigua les noms les plus respectueux, les plus tendres, et tous les remercîments que peut inspirer à un cœur reconnoissant le bienfait le plus signalé.

Après ce premier transport qui l’auroit, dit-elle, étouffée, si elle avoit voulu le contenir, elle apprit à Jones que tout étoit arrangé entre M. Nightingale et sa fille, et que le mariage devoit se faire le lendemain matin. Le plaisir qu’il parut en ressentir redoubla sa joie et sa reconnoissance. Jones eut grand’peine à en modérer l’effusion. Il détermina enfin la digne femme à rentrer avec lui dans la salle à manger où ils re-