Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous nous croyons redevables de la tranquillité d’esprit dont elle est suivie, à la personne même qui nous avoit d’abord alarmés.

C’est ce qui arriva à M. Nightingale. Dès qu’il reconnut que Jones, contre son attente, n’avoit rien à lui demander, il le vit de meilleur œil. « Mon bon monsieur, lui dit-il, prenez, je vous prie, la peine de vous asseoir. Je ne me souviens pas d’avoir jamais eu le plaisir de vous voir ; mais si vous êtes un ami de mon fils, et que vous ayez quelque chose à me dire au sujet de la jeune personne en question, je vous écouterai volontiers. Quant à rendre mon fils heureux, elle ne peut manquer d’y réussir. S’il ne l’est pas, ce sera sa faute. J’ai rempli mon devoir en m’occupant de l’objet essentiel. Elle lui apporte une fortune suffisante pour faire le bonheur d’un homme raisonnable et modéré dans ses désirs.

— Sans doute, car elle vaut elle seule une fortune. Elle est si jolie, si gracieuse, si douce, si bien élevée. Je ne connois pas, en vérité, de jeune personne plus accomplie. Elle chante à ravir, elle joue du clavecin comme un ange.

— Je l’ignorois, car je ne l’ai jamais vue : mais je ne l’en aime pas moins pour cela, et je sais un gré infini à son père de n’avoir fait entrer pour rien ces talents dans notre marché. C’est une preuve de sens que je n’oublierai point. Un sot