l’objet si exclusif de ses soins, de ses spéculations, qu’on eût dit qu’à ses yeux il n’existoit aucune autre chose dans le monde. C’étoit du moins la seule à laquelle il attachât du prix.
On conviendra que la capricieuse fortune ne pouvoit mettre Jones aux prises avec un adversaire plus redoutable, ni dans un moment moins opportun.
Le vieillard, n’ayant donc que l’intérêt en tête, ne voyoit pas un étranger entrer chez lui, sans s’imaginer aussitôt qu’il venoit lui apporter ou lui demander de l’argent : et selon que la première ou la seconde de ces conjectures prévaloit dans son esprit, il concevoit de l’individu une opinion favorable, ou désavantageuse.
Malheureusement pour Jones, ce fut la dernière qui prit le dessus, quand il entra. On étoit venu, la veille, lui présenter un billet souscrit par son fils pour une dette de jeu. À la vue de Jones, il le crut chargé d’un pareil message. Aussi, il ne l’eut pas plus tôt entendu dire qu’il venoit de la part de son fils, qu’affermi dans ses soupçons, il s’écria : « Monsieur, vous perdrez votre peine !
— Eh quoi ! monsieur, répondit Jones, auriez-vous deviné le sujet qui m’amène ?
— Si je l’ai deviné ! répliqua le vieillard ; je vous répète que vous perdrez votre peine. Vous m’avez