de tant d’éloquence pour m’émouvoir. La pauvre Nancy m’inspire une pitié profonde, et je donnerois volontiers ma vie pour qu’il n’eût jamais existé entre nous d’imprudentes liaisons. Ah ! croyez que j’ai soutenu de rudes combats, avant de me résoudre à écrire cette lettre fatale, source de tant de maux. Si je ne suivois que le penchant de mon cœur, j’épouserois Nancy dès aujourd’hui, oui, dès aujourd’hui ; mais comment obtenir de mon père qu’il consente à notre union, lorsqu’il m’a choisi une autre femme, et que demain est le jour fixé par lui pour la première entrevue.
— Je n’ai pas l’honneur de connoître monsieur votre père ; mais supposez qu’on obtînt son consentement, vous prêteriez-vous au seul moyen de sauver ces pauvres gens ?
— Avec autant d’empressement que j’en mettrois à chercher le bonheur ; car je ne le trouverai jamais auprès d’aucune autre femme. Ô mon ami, si vous pouviez vous représenter ce que j’ai souffert depuis douze heures pour ma chère Nancy, je suis sûr qu’elle ne seroit pas l’unique objet de votre pitié. Je l’aime éperdument ; et s’il me restoit de vains scrupules d’honneur, vous venez de les détruire. Que mon père exauce mes vœux, rien ne manquera à mon bonheur, ni à celui de ma Nancy.
— Eh bien, je me charge de voir monsieur